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[CRITIQUE] : Toxic


Réalisatrice : Saulė Bliuvaitė
Acteurs : Ieva RupeikaiteVesta MatulyteGiedrius Savickas, Sarinrat Thomas,...
Budget : -
Distributeur : Les Alchimistes
Genre : Drame.
Nationalité : Lituanien.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Rêvant d'échapper à la morosité de leur quartier, Marija et Kristina, 13 ans, se rencontrent dans une école de mannequinat locale. Les promesses d’une vie meilleure malgré la concurrence ardue, les poussent à brutaliser leur corps, à tout prix. L'amitié des deux adolescentes leur permettra-t-elle de s'en sortir indemnes ?




Et si le teen movie renaissait définitivement de ces cendres, après plus d'une décennie - voire deux - à subir les outrages d'une vague de potacherie aiguë et de dystopies adolescentes indigestes ?

Dans un genre sclérosé, comptant approximativement un chef-d'oeuvre pour quarante-douze bouses totalement consenties, l'espoir reste toujours vivace à une heure où le regretté John Hugues, dont l'œuvre commence à méchamment subir les affres du temps (certes, il faut toujours replacer les films dans le contexte de leur époque, mais cela n'excuse quand-même pas tout), ne doit pas cesser d'aligner les loopings de dépit dans sa tombe.
Depuis quelques temps cela dit, force est d'avouer que l'on aperçoit tout de même le bout du tunnel avec un enthousiasme non feint, notamment à travers des divertissements majoritairement européens (et bien de chez nous) qui tranchent avec le manque de créativité/d'audace qui a longtemps caractérisé le genre - la faute à la production nord-américaine.

© Akis bado / © Les Alchimistes

Quelques semaines après le très beau Wet Monday de Justyna Mytnik, place à un récit initiatique made in Lituanie mais aussi et surtout un nouveau premier long-métrage d'une wannabe cinéaste pleine de promesses : Toxic de Saulė Bliuvaitė, reparti avec Léopard d'Or de Locarno, teen movie rugueux et angoissé inspiré de sa propre adolescence, vissée sur deux jeunes âmes à l'aube de l'âge adulte, écrasées par la discrimination, le mépris de classe, le harcèlement et les diktats oppression de la société contemporaine, à tel point qu'elles en viennent, alors qu'elles rejoignent une école de mannequinat locale, à violenter leur propre corps pour correspondre aux critères de beauté irréalistes et pernicieux qu'elles considèrent, comme tous, comme le standard à atteindre.

Le tout flanqué dans un cadre industriel désespéré et désolé, où les adultes ruminent la perte de leurs rêves et espoirs, là où la jeunesse elle, laisse exploser toute sa toxicité maladive.
Instantané à la fois puissant et brut d'une jeunesse perdue et sans issue, tellement déterminée à s'extirper d'une condition sociale emprisonnante qu'elle n'hésite pas à se jeter tête la première dans les bras d'un poison tout aussi mortifère (le culte obsessionnel du corps), Toxic, malgré un dernier tiers un poil en deçà et quelques scories inhérents à tout premier effort, est une expérience aussi sombre et percutante que pouvait l'être Thirteen de Catherine Hardwicke à sa sortie.
Sacrée séance donc.


Jonathan Chevrier