[FESTIVAL] : Retour sur la 39ème édition du Festival International du Film Francophone de Namur
Festival international du film francophone de Namur 2024 - du 27 septembre au 4 octobre.
C’est un démarrage En fanfare qu’a connu cette 39ème édition du FIFF, célébration du cinéma francophone restant un incontournable dans le domaine des festivals de cinéma belge. Il faut dire que le nouveau long-métrage d’Emmanuel Courcol contient les ingrédients parfaits pour lancer pareil événement : un bon équilibre entre drame et humour, un fond social jamais occulté et surtout l’alchimie entre Pierre Lottin et Benjamin Laverhne dans ce récit de frères réunis par hasard et se découvrant un lien fort pour la musique. De quoi lancer en grandes pompes cette édition à la sélection particulièrement qualitative, à l’image du multi récompensé Les enfants rouges. Partant d’un drame dur (le deuil d’un jeune homme devant ramener dans son village la tête de son cousin), Lofti Achour propose une approche réaliste aux accents d’irréel renforçant la douleur des protagonistes.
En Fanfare - Copyright 2023 Thibault Grabherr |
Difficile également de ne pas
voir dans certains films une résonnance assez forte avec l’actualité récente.
Ainsi, Planète B s’inscrit dans une science-fiction ouvertement
contestataire, son rapport aux violences policières et au traitement des
prisonniers s’avérant particulièrement pertinent et devant faire débat lors de
sa sortie en fin d’année. En tout cas, c’est une belle découverte, tout comme Le quatrième mur, développement d’une représentation d’Antigone dans
un territoire libanais déchiré par les affrontements. L’importance de la
création dans des temps meurtriers ne peut que ressortir, d’autant plus au vu
du traitement narratif classique mais toujours à portée de ses personnages.
Enfin, Lucy Grizzly Sophie aborde ouvertement des sujets récents
qu’il vaut mieux ne pas dévoiler pour ne pas déflorer certaines surprises du
scénario. Dans tous les cas, cela en fait une sorte de huis clos bien fichu et
au trio principal assez solide pour convaincre.
Même les propositions plus légères en apparence du festival n’hésitaient pas à se densifier d’un certain investissement, à l’instar de Sauvages. Nous avons déjà abordé en critique le nouveau film de Claude Barras mais on se plaît à répéter que c’est une proposition d’animation appelant à l’action écologique. Saint Ex s’oriente plus vers l’aventure et le survival rétro, comme appuyé par certains effets qui pourront diviser. On se plaira à y voir une volonté d’agir, en conflit notamment à une industrie représentée uniquement par un micro grésillant. L’aspect financier nourrit également Aimer perdre, le nouveau film de Lenny et Harpo Guit. Perpétuant la veine singulière de Fils de plouc, les réalisateurs parviennent à s’enrichir thématiquement et visuellement dans cette quête d’amour comique tout en rappelant le besoin constant de survie financière. Enfin, Niki est un très bon biopic, ne se reposant pas uniquement sur l’excellente Charlotte Le Bon pour aborder la vie de Nikki de Saint-Phalle ainsi que les violences qui ont rythmé son existence.
Niki - Copyright Wild Bunch |
C’est une autre forme de violence
qu’aborde Jour de chasse, allégorie de manipulation dont les
figures masculines se répondent en diverses techniques de contrôle au sein d’un
décor naturel où la chasse appelle à la destruction. Leurs enfants après
eux revient également sur une certaine masculinité, les frères Boukherma
trouvant un équilibre tonal qui sied à l’ampleur du récit, dressant le
parallèle entre deux jeunes hommes et l’évolution d’une certaine France
n’échappant pas à la misère économique et au racisme avec un éclat 90’s. Si le
film de clôture, Quand vient l’automne, rappelle les bons titres
de François Ozon, nous terminerons ce récapitulaFIFF avec un petit coup de
cœur : Le garçon. Partant d’un postulat passionnant
mélangeant recherche documentaire et création fictionnelle, le film de Florent
Vassault et Zabou Breitman touche et va plus loin que le simple exercice de
style. Dans une période où l’image surabonde en permanence et appelle à
l’analyse, ce bel ouvrage émeut durablement et s’avère un bon exemple pour
rappeler le pouvoir sentimental de l’image, qu’elle soit réelle ou non, au sein
d’un cadre cinématographique explosant en permanence nos émotions.
Merci à Marie-France Dupagne,
Mélanie Monfort et toute l’équipe du festival.
Liam Debruel