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[CRITIQUE] : Le Peuple Loup

Réalisateurs : Tomm Moore et Ross Stewart
Avec : avec les voix de Lévanah Solomon, Lana Ropion, Serge Biavan,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Animation, Aventure, Famille, Fantastique
Nationalité : Irlandais, Américain, Luxembourgeois.
Durée : 1h43min

Synopsis :
En Irlande, au temps des superstitions et de la magie, Robyn, une jeune fille de 11 ans, aide son père à chasser la dernière meute de loups. Mais un jour, lors d’une battue en forêt, Robyn rencontre Mebh, petite fille le jour, louve la nuit. Désormais pour Robyn, ayant rejoint elle aussi le peuple des loups, la menace ne vient plus des loups, mais bien des hommes !



Critique :


Tranquillement mais sûrement,
Cartoon Saloon se forge un sacré statut de pilier discret et précieux dans le domaine de l'animation occidentale, misant autant sur le charme et la beauté incandescente que l'expressivité unique d'une animation artisanale dessinée à la main; pour preuve les merveilleux Brendan et le Secret de Kells, Le Chant de la Mer ou encore Parvana, une enfance en Afghanistan,...
Sans tambour ni trompette et dans un anonymat général franchement embarrassant, la firme dégaine dans nos salles obscures ce qui est clairement son plus bel effort à ce jour, Le Peuple Loup du tandem Tomm Moore et Ross Stewart; une formidable fable celtique au message universel, intemporel et pertinent dans son rapport douloureux à notre société contemporaine.
Un bijou d'oeuvre lyrique et artisanale croquée pour la postérité.
Flanqué au coeur de la conquête sanglante de l'Irlande par les forces du Parlement anglais dirigées par le "Lord Protector" Oliver Cromwell, la narration ne s'alourdit pas tant sur un contexte historique auquel le spectateur n'est pas forcément familiarisé, mais plutôt d'intelligemment se concentrer sur les cicatrices causées par autorité tyrannique souhaitant régner sous les préceptes du colonialisme, des notions patriarcales et de la persécution religieuse (peur, haine, préjugés et polarisation).

Copyright Haut et Court

Et même si ses parallèles avec notre société contemporaine sont incroyablement sombres (comme quoi rien n'a changé ou presque, près de quatre siècles plus tard), le récit ne renonce pourtant jamais en l'humanité ni même encore moins en la magie tapis en ce monde, quitte à il est vrai, voguer un poil trop sur les rives de la prévisibilité.
S'appuyant sur la mythologie des loups-garous d'Ossory, l'intrigue explore chaleureusement les thèmes de l'écologie - le respect et le souci de conservation de l'environnement -, l'autonomisation des femmes (remettant en question les politiques patriarcales et d'obéissance aveugle), l’intégration/acceptation de l'étranger mais aussi du totalitarisme et de l'empathie envers l'autre, tout opposant/ennemi affirmé soit-il.
Vrai régal pour l'âme et les mirettes, l'animation foisonnante prend les traits d'un livre de conte du XVIIe siècle, entre une animation traditionnelle (avec une esthétique proche de l'aquarelle et du fusain) et quelques artifices numériques, rappelant autant les lignes dures des linogravures que le mouvement Rococo dans l'exubérance de ses tons orange et verts; une exubérance magnifiquement appuyée sonorités celtiques de Bruno Coulais et les chansons du groupe Kila.
Conte moderne lyrique et puissant qui réussit à parler aux plus grands sans jamais perdre de vue les plus petits (dont il respecte pleinement l'intelligence et la faculté de compréhension), Le Peuple Loup est une pépite indiscutable, l'oeuvre somme d'un studio qui fait définitivement parti des plus grands.


Jonathan Chevrier



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