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[CRITIQUE] : Sous le Ciel d’Alice


Réalisatrice : Chloé Mazlo
Acteurs : Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi, Mariah Tannoury,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d'envoyer le premier libanais dans l'espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s'immisce dans leur paradis...



Critique :


Il y a quelque chose d'assez ubuesque dans le fait que des films labellisés " Cannes 2020 ", parviennent à difficilement atteindre nos salles obscures à quelques jours du lancement en grande pompe d'une édition 2021 qui elle, sera bien en présentoir.
L'un des derniers à pouvoir se targuer d'une sortie dans les salles obscures (avec De l’or pour les chiens d’Anna Cazenave Cambet, lui aussi fait parti de la sélection de la Semaine de la Critique en 2020), Sous le Ciel d'Alice, premier long-métrage de la cinéaste franco-libanaise Chloé Mazlo - dont on avait déjà pu découvrir le talent via ses excellents courts métrages -, est pourtant de ceux qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte au sein d'une proposition en salles uber chargée.

Copyright Pascal Chantier/Moby Dick Films

Avec sensibilité et poésie, elle s'empare de son histoire familiale, et plus particulièrement celle de sa grand-mère, pour concocter une merveille de drame personnel et émouvant, véritable patchwork de sentiments et d'images (entre prises de vues réelles et animation en stop motion), gravant sur pellicule d'une manière un poil distante, la beauté solaire d'un Beyrouth qu'elle n'a pourtant pas connu.
Soit l'histoire d'Alice donc, une jeune suissesse aventureuse qui, au coeur des 50s, quitte ses verts pâturages pour rejoindre une sorte d'Eden à des yeux, Beyrouth, ou elle trouvera aussi bien un travail - employée de maison - que l'amour, auprès d’un astrophysicien libanais, dont les efforts professionnels sont voués à envoyer le premier homme libanais dans l’espace.
Avec ses faux airs de comédie romantique tendrement naïve, parsemée d'un parfum artisanal charmant - les séquences en stop-motion - et d'une pellicule granuleuse enchanteresse (superbe photographie tout droit sortie d'un album photo d'époque, d'Hélène Louvart), la péloche détourne la violence du réel même lorsqu'elle glisse lentement et douloureusement vers la tragédie intime, dès lors qu'éclate la première guerre du Liban, dont les plaies sont toujours aussi béantes.
Avec un esprit volontairement désuet mais ne masquant jamais la douleur, Mazlo assume tout du long autant son décalage que sa retenue, et épouse avec fougue le portrait contrastée et puissant d'une exilée volontaire amoureuse d'un pays dont la dislocation impact directement celle de sa propre famille, mais quelle ne peut pourtant se résoudre à quitter.

Copyright Pascal Chantier/Moby Dick Films

Avec pudeur et douceur, totalement vissé sur la partition majestueuse d'Alba Rohrwacher (lunaire et, finalement, en parfaite symbiose avec le film lui-même), Sous le Ciel d'Alice est une formidable bulle de légèreté pleine de fantaisie et de couleurs, dressant autant un superbe portrait de femme qu'il incarne une jolie chronique sociale sur une poignée d'âmes empathiques tourmentées par les turpitudes aveugles d'une Histoire qui ravage tout sur son passage, quand elle laisse exploser sa (bêtise) violence.


Jonathan Chevrier



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