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[CRITIQUE] : Domingo et la Brume


Réalisateur : Ariel Escalante Meza
Avec : Carlos Ureña, Sylvia Sossa, Esteban Brenes Serrano,...
Distributeur : Epicentre Films
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique.
Nationalité : Costaricien, Qatari.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
Le film est présenté dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022.

Dans les montagnes tropicales du Costa Rica, Domingo, qui a perdu sa femme, possède une terre convoitée par des entrepreneurs, déterminés à construire une nouvelle autoroute. Multipliant les actes d’intimidation, ils délogent les habitants les uns après les autres. Mais Domingo résiste car cette terre renferme un secret mystique.



Critique :


Plus les rattrapages passent, plus il devient assez évident - comme chaque année finalement - que si la Compétition Officielle de la dernière réunion Cannoise ronronnait sous le poids des péloches d'habitués aux sélections aveugles de Titi Frémeaux, les sections annexes elles, Un Certain Regard en tête, bouillonnaient d'un cinéma plus discret qui ne demandaient qu'à exploser dans une " compétition " mieux mis en lumière.
Petite déflagration aussi brumeuse que le laisse supposer son titre si évocateur, Domingo et la Brume, second long-métrage du scénariste et réalisateur costaricien Ariel Escalante Meza (The Sound of Things), s'inscrit pleinement dans cet esprit qualitatif certes bien plus du côté de la forme que du fond (la narration se tient malgré une écriture - très - fragile, même si elle se perd in fine dans un climax franchement frustrant), lui qui se fait une oeuvre aussi poétique que fantaisiste dans son mélange hybride et captivant entre le film de fantômes, le drame intime sur la dureté du deuil, le western vénère et le thriller environnemental, au plus près d'une (toute) petite communauté luttant avec ses propres moyens contre la force violente d'un modernisme qui les chasse - littéralement - de chez eux.

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Belle séance sensorielle entre la fable onirique et le réalisme politico-social, plongée dans une obscurité quasi-constante qui ne fait qu'intensifier le climat de terreur et de tension qui habite le moindre bord du cadre, la narration se fixe sur le veuf Domingo (Carlos Ureña, formidable), soixante-cinq ans au compteur et jonché depuis des décennies dans les profondeurs de la dense jungle costaricienne, où ses vieux jours sont menacés par une entreprise locale qui souhaite l'expulser de sa maison et jouir de son terrain pour construire une nouvelle autoroute.
Son refus obstiné, tout comme celui de ses amis Paco et Yendrick, est d'autant plus motivé que cette demeure incarne la dernière de sa femme bien aimée, dont il s'accroche au bon souvenir nuit et jour.
La journée, il doit faire face aux intimidations des promoteurs immobiliers cherchant à le faire craquer tandis que la nuit, il est hanté de manière plus littérale par ce qu'il pense être le fantôme de son épouse, qui accompagne la brume...
Portrait sombre et délicat, entre culpabilité et rédemption, d'un homme luttant pour ne pas crouler sur un passé qui pèse de plus en plus lourdement sous le poids de sa conscience, auquel se juxtapose la réalité palpable d'une communauté vivant dans l'insécurité imposée par le capitalisme; Domingo et la Brume se fait une expérience merveilleusement à part, un songe lyrique et atmosphérique à la mise en scène soigneusement travaillée, sublimant le double deuil impossible d'une âme désespérée.
Une petite claque qui dépote.


Jonathan Chevrier


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