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[CRITIQUE] : Curtiz


Réalisateur : Tamas Yvan Topolanszky
Acteurs : Ferenc Lengyel, Lili Bordan, Caroline Boulton,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Drame, Historique.
Nationalité : Hongrois.
Durée : 1h38min.

 
Synopsis :
Déterminé et arrogant, le réalisateur Michael Curtiz compose avec les intérêts du studio et un drame familial pendant la production difficile de Casablanca en 1942.




Critique :


Depuis sa sortie en salles en 1942, Casablanca a reçu le titre suprême de “chef-d’oeuvre”, un statut qu’il a gardé malgré les années. Rien que le titre nous met en tête le couple mythique que forme maintenant Ingrid Bergman et Humphrey Bogart, “nous aurons toujours Paris”. Le film a reçu trois Oscars, dont celui du meilleur réalisateur pour Michael Curtiz, le seul qu’il gagnera dans sa longue carrière. Le premier long-métrage du réalisateur hongrois, Tamas Yvan Topolánszky, Curtiz, revient sur le tournage de ce film culte et s’intéresse à la figure de Michael Curtiz, son caractère difficile, ainsi que l’époque compliquée l’entourant, alors que les États-Unis venant d’être attaqués par le Japon à Pearl Harbor. Grand Prix des Amériques au dernier festival des films du monde de Montréal, le film est disponible sur Netflix depuis le 25 mars. 

© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Curtiz commence par un film d’actualité, dans une salle de projection enfumée par des cigarettes, qui revient sur les événements tragiques survenu le 7 décembre 1941 à Pearl Harbour et le discours du président Roosevelt signant l’entrée en guerre du pays. C’est dans ces circonstances que le producteur Hal Wallis (interprété par Scott Alexander Young) pitch à Jack Warner le nouveau film de Michael Curtiz, une adaptation de la pièce de théâtre Everybody’s Come to Rick’s. La discussion n’est pas au beau fixe. Le titre doit être changé, devant être plus court et plus avenant. Le message du film est remis en question, devant être porteur d’espoir pendant ces heures sombres. Le comportement du réalisateur est également remis en cause, sa tendance à ne pas finir un projet en temps et en heure, son caractère peu orthodoxe et le fait qu’il soit hongrois (alors qu’il a immigré aux États-Unis il y a presque vingt ans). Un représentant du gouvernement, Johnson (Declan Harrigan) doit le surveiller et lui donne un questionnaire à remplir, pour tester son patriotisme. C’est sous ce climat tendu que commence la production du film Casablanca, qui ne porte pas encore ce titre et ne possède pas encore de fin. 

© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Tamas Yvan Topolánszky n’y va pas de main morte et n’hésite pas à filmer Michael Curtiz (Ferenc Lengyel) dans ses pires travers : il est colérique, impulsif, trompe sa femme ouvertement et ne mâche pas ses mots. Ses collaborateurs travaillent autour de lui dans une atmosphère de peur, d’être la personne sur laquelle le “boss” passe sa colère aujourd’hui. Tout le monde y a droit, les techniciens, décorateurs, assistants, figurants et mêmes, les acteurs. Ingrid Bergman et Humphrey Bogart ne sont traités avec aucun égard et subissent les critiques sur leurs jeux vaillamment. Passant la difficulté de trouver des acteurs leur ressemblant, Tamas Yvan Topolánszky décide d’éviter aussi astucieusement que possible de montrer leur visage. C’est loin d’être subtil, mais cela fonctionne grâce à une mise en scène très stylisée, utilisant le noir et blanc aussi élégamment que possible. La caméra virevolte autour des personnages, captant des moments d’émotions dans un milieu où il ne faut surtout pas montrer le moindre signe de faiblesse. Le réalisateur utilise seulement deux couleurs, qui se mélangent au noir et blanc : la lampe rouge qui s’allume pour annoncer que la caméra tourne et le bleu des lumières du projecteur, quand Curtiz projette son film sur grand écran, métaphore de son cinéma qui prend le pas sur sa vie privée, certes facile, mais qui fonctionne cependant. 

© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Alors que Johnson fait pression sur le réalisateur pour intégrer autant que possible une propagande anti-nazi, Curtiz est aussi confronté à un élément du passé auquel il préfère ne pas faire face : sa fille. Kitty (Evelin Dobos) doit alors s’intégrer dans l’équipe des figurants pour s’approcher autant que possible de ce père qui l’ignore. Elle n’existe pas aux yeux de la nouvelle Mrs Curtiz, ainsi que de leur fils, Lucas, qui lui aussi joue un figurant dans le café de Rick. Curtiz fait des parallèles entre la vie privée du cinéaste et le tournage de Casablanca, montrant à quel point on ne peut séparer l’homme de l’artiste. Ses retrouvailles avec Kitty lui ouvrent même les yeux sur Casablanca et à quoi devrait ressembler la fin, celle que l’on connaît tous et toutes, avec la fameuse réplique de Rick, qui fait partie du classement des plus grandes répliques du cinéma.
Curtiz fait un parallèle pertinent entre l’Histoire et l’intime, racontant comment le cinéma influent sur son époque et vice versa. Un hommage réussi à l’âge d’or de Hollywood, au génie créateur que pouvait être Michael Curtiz, qui ne l’empêche pas cependant d’être un homme tout à fait critiquable. Une belle découverte. 

© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Le film a la particularité d'avoir été projeté uniquement en VO, sans sous-titre, rendant difficile la compréhension des dialogues en hongrois. Sur Netflix, il est disponible soit en VF, soit en VO sous-titré anglais (il n'existe pas de sous-titre français).


Laura Enjolvy 



© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Période de confinement poussé couplé au sevrage forcé des salles obscures oblige, nous nous ruons tous comme des morts de faim (ou pas loin) sur toute nouveauté un minimum alléchante sur les plateformes, quitte à être parfois méchamment échaudé.
Si sa proposition rime avec richesse mais trop fugacement avec qualité depuis quelques semaines, Netflix ne faiblit pas et continue de nous abreuver de péloches plus ou moins inédites, dont Curtiz Donc, premier long en date du cinéaste hongrois Tamas Yvan Topolanszky, qui s'est franchement donné du mal pour trouver un projet aussi important qu'original : un biopic ciblé de son compatriote Michael Curtiz, concentré autour de l'époque où il avait bougé ciel et terre du côté de la Warner Bros, pour mettre en boîte Casablanca, tout en essayant de rafistoler sa relation d'avec sa fille, qu'il a longtemps négligée (sans doute parce qu'il ne l'a jamais vraiment aimé).


© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Tout amoureux du chef-d'oeuvre porté par Bogart et Bergman, n'a aucun mal à être aguiché par la proposition, tant la genèse du film a tout à dire autant sur le métrage en lui-même, que sur l'époque et l'homme à sa barre.
On est donc catapulté en 1941, l'Amérique vient tout juste d'être attaquée par le Japon et l'industrie Hollywoodienne traverse une grande période de crise, d'où l'interrogation des producteurs Jack Warner et Hal Wallis, à propos de la pertinence de d'adapter la pièce " Everybody Comes to Rick’s " du tandem Murray Burnett et Joan Allison.
C'est là qu'entre en scène l'immigrant hongrois Michael Curtiz (incarné par le talentueux Ferenc Lengyel, révélation du métrage), un coureur de jupons, égocentrique et irrespectueux des délais de production qui, sous la pression de certaines têtes pensantes de la firme (qui voulaient transformer le film en un manifeste de propagande antinazie) et de divers problèmes familiaux (avec sa fille comme dit plus haut), réussira cependant non sans de nombreux efforts, à terminer le tournage de ce qui restera dans les mémoires comme l'une des œuvres les plus importantes de l'histoire du cinéma du XXe siècle (et accessoirement, bon points pour les producteurs, l'un des plus grands succès de Hollywood).


© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Véritable making-of passionnant réalisé dans un noir et blanc rigoureux et élégant, totalement focalisé grâce à un script malin signé Topolanszky et Zsuzsanna Bak, sur les étapes pénibles qui ont entravé la réalisation du film (le climat de guerre qui a conditionné le tournage, les problèmes personnels, les personnes complexes gravitant autour du projet, la présence écrasante des producteurs,...), Curtiz est destiné à ravir les cinéphiles intrigués par la figure de Michael Curtiz (sorte de mogule irritant et égocentrique mais apprécié par ses collaborateurs), autant que ceux qui gardent Casablanca dans leurs coeurs.
Un hommage cinématographique vibrant qui s'adresse non seulement au film et à son réalisateur, mais aussi à la gigantesque force productive d'une Hollywood alors en plein âge d'or, et sa capacité incommensurable à survivre face à des évènements historiques décemment plus imposant qu'elle. 

© Juno11 Pictures et Halluci-Nation

Impossible une fois le générique de fin lancé, de ne pas avoir envie de demander à Sam de jouer une dernière fois " As Time Goes By "...


Jonathan Chevrier



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