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[CRITIQUE] : Le Photographe


Réalisateur : Ritesh Batra
Acteurs : Nawazuddin Siddiqui, Sanya Malhotra, Farrukh Jaffar,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Indien, Allemand, Américain.
Durée : 1h42min.


Synopsis :
Raphi, modeste photographe, fait la rencontre d’une muse improbable, Miloni, jeune femme issue de la classe moyenne de Bombay. Quand la grand-mère du garçon débarque, en pressant son petit-fils de se marier, Miloni accepte de se faire passer pour la petite amie de Rafi. Peu à peu, ce qui n’était jusque-là qu’un jeu se confond avec la réalité…




Critique :


Il est difficile pour tout cinéphile un minimum avertit, de ne pas se sentir un tantinet alléché par une invitation en salles faites par le précieux et talentueux cinéaste Ritesh Batra, pape des romances nuancées et à combustion (très) lente, qui ne vont pas forcément ou on le pense et encore moins ou on pourrait potentiellement, le désirer.
Le Photographe est fait du même marbre que The Lunchbox ou Our Souls at Night, à savoir une
comédie romantique dans ce qu'elle a de plus classique, usant avec malice de tous les ressorts du genre au point de parfois, peut-être, tourner un peu en rond, tout en étant d'une efficacité rare, grâce à un humour intelligemment dosé, une écriture fine porté par une pluie de personnages attachants.

On y suit la jolie histoire de Rafi, modeste photographe qui survit comme il peut dans les rues de Bombay.



Un jour, il fait la rencontre improbable, Miloni, jeune femme issue de la classe moyenne, qui étudie pour devenir comptable alors que sa famille lui cherche inlassablement un mari. 
Cette rencontre va tout simplement bouleverser leur vie, puisque lorsque la grand-mère de Rafi débarque chez lui avec la ferme intention qu'il se marie, les deux vont faire croire qu'ils forment un couple pour ne pas qu'elle s'inquiète de la vie sentimentale de son petit-fils...
Rafraîchissant dans son itinéraire miraculeux de deux personnages frappés par le tout puissant hasard, mais également judicieusement tendre (c'est pour rassurer la grand-mère de Raphi par un doux mensonge, que le jeu d'un amour feinté va peu à peu devenir une réalité) et universelle dans la banalité et la simplicité de son traitement (on prends deux êtres au hasard, au point que cela pourrait très bien être vous comme moi), la péloche de Ritesh Batra, plus chronique sur la naissance d'un amour que sur une romance déjà établie, est d'une justesse et d'un charme incroyable, une réussite exemplaire accentuée par un final loin d'être pompeusement cul-cul, et par la composition exquise d'un casting totalement voué à sa cause - formidables
Nawazuddin Siddiqui, Sanya Malhotra et Farrukh Jaffar.

Dans des scènes d'une tranquilité et d'une douceur éloquentes, il explore non seulement les émotions qui vibrent et façonnent ses deux héros, faussement dépareillés mais réellement à la dérive (même s'ils ne se l'avouent pas forcément), mais également les histoires intimes qui les façonnent, engoncés dans les attentes sociales auxquelles ils sont confrontés.
Dénué de tout spectaculaire, silencieux (tout passe souvent par le regard, et celui de Rafi dit tout avec une exactitude rare), profond et léger à la fois, le film de Batra, plus qu'une simple comédie sentimental sur la découverte - à la fois de l'autre, physiquement et artistiquement parlant -, est avant tout une merveilleuse et mélancolique chronique d'êtres blessés par la vie et le temps qui avance sans eux, d'âmes frappées par la solitude et l'indifférence d'une société surpeuplée et recentrée sur elle-même, autant qu'un regard acéré sur la difficulté de trouver l'amour, entre tradition castratrice (mariages arrangés, différences de classe sociale,...), barrière physique (une timidité souvent maladive) et conceptions modernes .



Discret et sans fioritures, sublimé par la photographie vive de Ben Kutchins, plus proche du cinéma indépendant ricain que du pimpant Bollywood, follement vivant même si beaucoup tiqueront sur son manque cruel d'originalité (c'est pourtant dans les vieux pots que l'on fait les meilleures confitures), Le Photographe est suffisamment bien cornaqué et enthousiasmant pour que l'on puisse sortir de la salle avec la banane, incarnant ni plus ni moins que l'un des plus beaux films de ce début d'année ciné 2020.


Jonathan Chevrier
 

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