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[CRITIQUE] : A Jazzman's Blues


Réalisateur : Tyler Perry
Acteurs : Joshua Boone, Amirah Vann, Solea Pfeiffer,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Historique, Policier, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h07min.

Synopsis :
Ce récit de Tyler Perry sur un amour interdit et un drame familial révèle 40 ans de secrets et de mensonges, avec en bande sonore le blues des cabarets populaires du Sud profond.



Critique :


À chaque fois qu'il a su s'extirper du giron de la parodie gentiment déglinguée qui l'a rendu célèbre (coucou Madea), Tyler Perry a su subtilement surprendre devant la caméra (Gone Girl, Don't Look Up), même si derrière ce fut sensiblement une autre limonade.
L'opus de réconciliation a pourtant tout pour être son nouvel effort, A Jazzman's Blues, mélodrame à l'ancienne avec ce que cela comporte de facilités et fragilités, catapulté directement sur un catalogue Netflix où elle va avoir bien du mal à faire son petit buzz au-delà de ses propres terres.
Fruit de plusieurs décennies d'attente (un dream project pour le cinéaste, qu'il avait écrit au coeur des 90s, après une rencontre avec le dramaturge August Wilson), l'histoire s'attache à conter sur deux temporalités bien distinctes, la romance interdite autant que les fêlures profondes d'une poignée d'âmes au coeur de l'Amérique profonde des 40s et des 80s.

Copyright Jace Downs/NETFLIX

Entre le drame sur une famille de musiciens itinérants dysfonctionnelle et le mélo sirupeux sur un amour désapprouvé par les conventions d'une Amérique profondément puritaine et raciste (celui du jazzman annoncé par le titre Bayou, dont le succès futur ne remplacera jamais la douleur d'avoir perdue la douce LeAnne), où la musique sert de catalyseur émotionnel, le film démontre autant la sincérité de Perry à vouloir conter une histoire qui lui tient à coeur, et cela même si elle est frappé par son moralisme quasi-évangélique - qui peut paraître irritant pour certain - où par une théâtralité un brin artificielle (qui fait écho cela dit aux racines artistiques de Perry), que son aisance étonnante derrière la caméra, capable de maintenir palpable sa tension tout en enveloppant ses images dans un écrin cotoneux et nostalgique.
Moins assuré est son écriture en revanche, car si elle distille plusieurs observations pertinentes sur la psychologie du racisme, elle n'est pas exempt de quelques lourdeurs (notamment via ses personnages qui ont une furieusement tendance à surexpliquer l'émotion et les rebondissements de l'intrigue).
Ce qui n'empêche pas cela dit à A Jazzman's Blues d'être une agréable évasion mélodramatique à l'ancienne (porté à la fois par la partition entraînante d'Aaron Zigman et la photographie onirique de Brett Pawlak), sondant l'absurdité totale de la haine qui a défini l'histoire américaine.


Jonathan Chevrier


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