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[CRITIQUE] : Prey


Réalisateur : Dan Trachtenberg
Acteurs : Amber Midthunder, Dane DiLiegro, Harlan Blayne Kytwayhat,...
Distributeur : Disney Plus France
Budget : -
Genre : Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h39min.

Synopsis :
Cinquième volet de la franchise Predator.

Il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque en ce moment n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires...



Critique :


À l'automne 1719, au coeur des Grandes Plaines du continent Américain qui deviendra plus tard ce que l'on nommera les États-Unis d'Amérique, le plus grand prédateur qui existe est tout simplement le fruit de la nature en elle-même, et la communauté Comanche vit en totale adéquation avec.
C'est ici que la jeune Naru, compte bien prouver qu'elle est bien née même en étant une femme, et qu'elle est bien meilleure que ses pairs masculins guerriers pour assurer la pérennité d'une nation qui ne réalise pas encore, que la terre qu'ils foulent attire de nombreux envahisseurs, et pas uniquement des humains.
Naru le sait, ce visiteur au sang vert fluorescent et la technologie d'un autre monde, n'est pas venu en paix puisqu'il traque son groupe de chasse en attendant patiemment de frapper brutalement.
Mais évidemment lorsqu'il apparaît, il est déjà trop tard...

Copyright Disney+

Ce qui était une merveille de bisserie SF et burnée par un McTiernan on fire, est vite devenue une franchise Hollywoodienne (parce que eh argent facile quoi) dont on ressortira finalement qu'un second opus porté par un Danny Glover definitivement pas trop vieux pour ses conneries, et qui avait le bon goût de transposer son intrigue au sein d'une " jungle urbaine " californienne écrasée par une canicule exceptionnelle qui nous parle totalement en ces temps de crise climatique - on oubliera volontairement les deux escapades nanardesques avec les xénomorphes.
Pire, le chasseur interstellaire à dreadlocks en son coeur est même devenu une figure importante de la pop culture, motivant d'autant plus la FOX (et désormais Disney, la firme aux grandes oreilles plus cupide que la cupidité elle-même) à accentuer son temps de présence sur grand écran, privilégiant toujours plus la quantité à la qualité.

Et force est d'admettre que ce que n'avait pas encore eu l'extraterrestre alpha, c'est une suite qui tente réellement de s'inscrire dans les pas simplistes mais accrocheur du Predator de McTiernan, sans vulgairement et paresseusement jouer la carte du pompage en bon et dû forme.
En ce sens, et plus qu'aucune autre des suites produites jusqu'à maintenant, Prey de Dan Trachtenberg n'est pas seulement une extension ambitieuse du Predatorverse (un prequel que personne n'avait vraiment vu venir et qui, cruellement, n'a même pas eu les honneurs d'une exploitation digne de ce nom en salles), mais avant tout et surtout un bonheur de série B rafraîchissante et maîtrisée, sorte de survival/western SF et sanglant au charme primitif et brutal, avec une final girl façon Ripley 2.0 qui n'a strictement rien à envier au " Chêne autrichien ".
Une put*** de bonne surprise qui aurait totalement mérité sa place dans une salle obscure, et encore plus en cet été plutôt chiche en envolée sanglante.

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Avec un naturel plutôt désarmant (même si on adore son 10 Cloverfield Lane, on ne pensait pas le bonhomme capable de cornaquer aussi bien un tel divertissement sous nitro), Trachtenberg renoue autant avec l'esprit original du film de McTiernan (une action brutale et lisible portée par un vrai sens du cadre, le tout saupoudré de petites touches horrifiques salvatrices, comme le crâne d'ours modernisé en casque qui fait vraiment son effet) tout en approfondissant la dynamique de la chasse à l'homme au coeur de son histoire, avec un contexte historique mais surtout un point de vue féminin qui bouleverse savoureusement l'équilibre d'une franchise jusqu'ici profondément testostéronée.
Une grande partie de cette reussite réside totalement dans la performance habitée d'Amber Midthunder (feu la merveilleuse Legion), dont la - fausse - vulnérabilité apparente laisse vite pointer une assurance et puissance incroyable, faisant dès lors de Naru une chasseuse et une traqueuse impitoyable et intelligente qui tirera partie du machisme ambiant - même extraterrestre - en démontrant qu'elle est une menace qu'il ne faut absolument pas sous-estimer.

Loin d'être surhumaine où iconisée comme une déesse de la Grèce antique (comme Dutch dans le final homérique du premier opus), c'est une femme qui est et ce sait supérieur à ses congénères, et qui le montre au moment le plus important en inversant la dynamique de chasseur/chassé.
La performance de Midthunter en est d'autant plus forte et viscérale puisqu'elle prouve simultanément, tout comme son personnage à l'écran, qu'elle est une héroïne d'action à part entière, crédible et badass sans pour autant laisser de côté sa sensibilité.

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Mais ce qui rajoute du sel à ce prequel, de la puissance à son apologie du dogme Darwinien de la loi du plus fort, c'est son contexte historique redoutable certes loin du regard viscéral de Mel Gibson sur Apocalypto, mais pas moins impactant dans son approche : qui est le prédateur le plus redoutable, la bestiole extraterrestre ou l'homme et, plus directement, le colonisateur ?
Sans totalement plonger tête la première dans un esprit révisionniste, ce contexte historique redonne du sens à l'invasion d'une entité extraterrestre qui à l'habitude de venir hanter notre planète, une autre puissance étrangère - où plutôt cosmique - venue conquérir les terres de ceux qu'ils considèrent comme des proies faciles, et qu'il n'a (vraiment) aucun remord à exterminer.
Une vision d'autant plus forte qu'il se confronte à une opposante qui voit cet affrontement comme une manière d'affirmer ce qu'elle est, un rite de passage initiatique qui prouvera une bonne fois pour toute sa vraie valeur.

Prequel qui ne cherche jamais à légitimer son existence en se prenant les pieds dans le tapis d'une expansion inutile de la mythologie original (coucou Antal et Black), mais bien uniquement à exister par lui-même (même si oui, l'aura tutélaire du film original est présente tout du long) en respectant scrupuleusement les codes de la saga; Prey, esthétiquement époustouflant (des décors naturels somptueux, sublimés par la photographie de Jeff Cutter, à une mise en scène enlevée et aérienne de Trachtenberg), prend son temps pour organiser son chaos sanglant et enthousiasmant, démontrant qu'avec ce qu'il faut de volonté et de malice, une franchise usée jusqu'à la moelle peut renaître de ces cendres de la plus belle des manières.


Jonathan Chevrier


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