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[CRITIQUE] : Evolution


Réalisateur : Kornél Mundruczó
Acteurs : Lili Monori, Annamária Láng, Goya Rego,...
Distributeur : Dulac Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Hongrois, Allemand.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
D’un souvenir fantasmé de la Seconde Guerre Mondiale au Berlin contemporain, Evolution suit trois générations d’une famille marquée par l'Histoire. La douleur d’Eva, l’enfant miraculée des camps, se transmet à sa fille Lena, puis à son petit-fils, Jonas. Jusqu’à ce que celui-ci brise, d’un geste d’amour, la mécanique du traumatisme.



Critique :


Saisir la vérité émotionnelle d'une situation cruelle sans perdre une once de ses détails, aussi difficile à lot et soient-ils, c'était déjà le mantra puissant du précédent effort du merveilleux tandem Kornél Mundruczó et Kata Wéber, Pieces of a Woman, et c'est à nouveau celui qui fait vibrer le coeur du bien nommé Evolution, drame multigénérationnel tourné en seulement 13 jours pendant la pandémie, dont le sujet avait été volontairement - où non - cité dans leur précédent effort, au travers du monologue captivant d'Ellen Burnstyn : l'Holocauste, et le calvaire enduré par une mère juive-hongroise pour protéger sa progéniture.
Tout comme Pieces of a woman, le film - adapté de leur pièce de théâtre - s'ouvre sur une séquence spectaculairement étouffante et terrifiante (presque dénuée de tout dialogue) tournée en plan-séquence, un pur morceau de cinéma magistral et cauchemardesque qui définit qui définira la totalité de ce qui est raconté a posteriori où trois hommes, combattants de la résistance, nettoient un camp de concentration dans l'espoir de trouver un semblant d'âme qui vive encore au coeur de l'horreur, au moment de la libération d'Auschwitz - un bébé sera l'incarnation viscérale de cet espoir, où plutôt de cet illusion optimiste.

Copyright Dulac Distribution

Triptyque d'histoires familiales interconnectées et de récits identitaires captés en autant de plans-séquences (trois actes d'ouverture en somme, une structure épisodique qui est autant un véritable exutoire qu'une véritable prouesse technique), qui commence de la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, avant de sauter dans un appartement à Budapest en plein milieu des 90s, pour se terminer dans le Berlin contemporain; Evolution tord le temps et l'espace tout en sondant la difficile (impossible ?) reconstruction d'une femme et la répercussion de son passé traumatisant confronté à la haine et à l'antisémitisme, sur ses enfants et ses petits-enfants, comme un héritage pesant que l'on de transmet de génération en génération sans que l'on ne puisse endiguer le poids de la douleur.
Une quête de survie continuelle autant qu'un vrai devoir de mémoire sur plus de huit décennies face à l'évolution des préjugés dans laquelle le tandem Mundruczó/Wéber tente d'établir un dialogue entre passé et présent pour mieux sonder l'avenir, dans une société où la haine de l'autre (ici l'antisémitisme) est toujours aussi vivace et où le totalitarisme ne cesse de monter vers les plus hautes strates du pouvoir.

Copyright Dulac Distribution

Austère et puissant pour quiconque se laissera happer par son exploration obsédante et immersive sur les notions d'identité et de perte, où la guérison n'est qu'une douloureuse chimère face à une hantise qui ne nous quitte jamais; Evolution regarde frontalement le traumatisme et l'horreur indicible d'hier (des décennies de colère, de douleur et de confusion) pour mieux pointer du bout de la caméra que ses résidus de pourritures collent toujours aux basques d'une Europe qui si elle ne fait rien, laissera inéluctablement se répéter l'histoire...


Jonathan Chevrier



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