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[CRITIQUE] : Ray Donovan : The Movie

Réalisateur : David Hollander
Acteurs : Liev Schreiber, Kerris Dorsey Jon Voigt, Eddie Marsan, Dash Mihok,...
Budget : -
Distributeur : (Canal +)
Genre : Policier, Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min.

Synopsis :
Après des décennies d’épreuve de force, les Donovan font leur retour à Boston où chacun va devoir faire face à son passé et à son héritage. Alors que Mickey est en cavale, Ray est plus que jamais déterminé à combattre son père pour mettre un terme à ses agissements. Mais, il va d’abord lui falloir le retrouver.



Critique :


Au panthéon des annulations récentes les plus incompréhensibles, force est d'admettre que celle de la géniale Ray Donovan par une Showtime que l'on a connu plus futée, se pose bien là.
Fauchée abruptement en pleine gloire après une septième saison gentiment explosive, la chaîne laissait en plan un show qui n'avait même pas eu l'occasion de mettre un point final à toutes ses histoires (c'était même totalement l'inverse vu son cliffhanger, puisque l'annonce d'une saison 8 semblait couler de source).
Heureusement pour son showrunner David Hollander et les fans inconditionnels de la série, l'hérésie de Showtime n'aura durée qu'un temps puisque à défaut d'avoir une ultime saison à se mettre sous la dent, la saga violente de Ray et Mickey Donovan a eu droit à quatre-vingt-dix minutes pour s'achever, au coeur d'un au-revoir co-écrit par Hollander et sa star Liev Schreiber.
Sobrement intitulé Ray Donovan : The Movie, le film (qui en est réellement un, avec un vrai souci de mise en scène et un vrai langage cinématographique, loin du téléfilm de luxe ou du simple épisode étiré en longueur) évite gentiment l'écueil du fan service bon marché en incarnant des adieux satisfaisants au show, un aperçu à la fois grisant et frustrant de ce qui aurait pu/dû être la huitième saison.

Copyright Showtime

Reprenant le business là où il s'était arrêté (la mort de Smitty, le mari de Bridget, orchestré par Mickey, qui s'est enfui à Boston) et construit comme un voyage dont on connaît très vite l'issue (Ray inflige enfin à son père le sort qu'il méritait depuis si longtemps), la péloche suit la même structure narrative que la brillante septième salve d'épisodes, à savoir des allers-retours grisants entre passé et présent, via des flashbacks qui donnent encore un peu plus d'ampleur à l'arc Ray/Mickey et surtout la jeunesse de Ray, reliant le dernier tiers (un affrontement inéluctable) à un premier acte formateur (le jour ou Ray a décidé de ne plus jouer les nettoyeurs pour son paternel, et le début de leur brouille homérique).
Mais le film ne se résume pas uniquement qu'à une chasse entre un père et son fils, il prend aussi - un peu - le temps pour offrir une conclusion satisfaisante aux aléas des autres membres de la famille Donovan.
La dynamique de la fratrie s'est joliment développée au fil des saisons, alors que les frères de Ray devenaient vite plus que simples désordres à gérer pour le nettoyeur, et que le show se penchait sur comment les liens peuvent se forger grâce à un traumatisme partagé.
Qu'il s'agisse de la relation presque paternelle de Terry avec sa nièce ou de la façon dont Bunchy a permis à ses démons de faire dérailler son bonheur, la dimensionnalité des seconds couteaux a vraiment élevé le show vers quelque chose de plus puissant et attachant que le laissait présager des débuts plus pimpants, et totalement vissés sur les charismatiques Liev Schreiber (dans ce qui est et sera sûrement, le rôle de sa vie) et Jon Voigt.

Copyright Showtime

Mais au fond, il n'y a aucune surprise dans le fait de voir Ray terminer avec du sang sur ses mains, depuis les premières secondes de la série en 2013, il a toujours utilisé sa ruse, ses poings, son arme et même une batte de baseball, pour nettoyer un désordre impie après l'autre (qu'il le concerne de près ou de loin d'ailleurs), avançant avec une efficacité impitoyable tel un bulldozer innarêtable et déterminé.
Toute sa vie n'a été défini que par l'oubli, un élément essentiel de son traumatisme refoulé.
Pendant des années, Ray a examiné des situations violentes et n'a vu que les problèmes qui doivent être résolus et non l'humanité brisée tapis même dans les élans les plus abominables, il est souvent passé à côté du coût humain parce qu'il n'a jamais vraiment donné de lui-même pour régler ses propres démons ni réellement affronter les dégâts à l'intérieur de son âme.
En ce sens, et même si rien n'est grave dans la roche de la certitude quant au fait que l'on ne retrouvera plus le personnage un de ses quatre (le retour inattendu de Dexter Morgan vient de nous démontrer que tout est possible), ce point final qui, évidemment, aurait pu être plus parfait, fait solidement le café tout en nous rendant à nouveau nostalgique de ce qui fut, à n'en pas douter, l'une des plus belles créations de Showtime.


Jonathan Chevrier



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