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[CRITIQUE] : La Leçon d’allemand

Réalisateur : Christian Schwochow
Acteurs : Ulrich Noethen, Tobias Moretti, Levi Eisenblätter,...
Budget : -
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Nationalité : Allemand.
Genre : Drame, Historique.
Durée : 2h05min.

Synopsis :
Siggi Jepsen est enfermé dans une prison pour jeunes délinquants après avoir rendu copie blanche lors d'une épreuve de rédaction. Le sujet : « Les joies du devoir ». Dans l'isolement de sa cellule, il se remémore la période qui a fait basculer sa vie. En 1943, son père, officier de police, est contraint de faire appliquer la loi du Reich et ses mesures liberticides à l'encontre de l'un de ses amis d'enfance, le peintre Max Nansen, privé d’exercer son métier. Siggi remet alors en cause l'autorité paternelle et se donne pour devoir de sauver Max et son œuvre…



Critique :


L'intime besoin de comprendre son passé est quelque chose de profondément humain et universel, que ce soit dans un soucis de vouloir extraire du sens dans l'histoire d'un pays ou à un niveau plus personnel, vouloir saisir sa propre enfance et ses propres origines.
Deux chemins qu'arpente aussi bien le roman La leçon d'allemand de Siegfried Lenz, que son adaptation cinématographique signée Christian Schwochow, vissé sur le regard rétrospectif de Siggi Jepsen, un jeune homme isolé dans la cellule disciplinaire d'un établissement pénitentiaire, qui tente de relativiser son enfance et sa relation difficile avec un père autoritaire, dans les méandres désertiques d'une ville côtière du nord de l'Allemagne.
Un officier de police contraint par les lois répressives du Reich à empêcher son voisin/ami d’enfance peintre Max Ludwig Nansen (incarnation des artistes expressionnistes que le régime nazi réprimait et censurait, considérant leur style comme "dégénéré et malade"). 
Schwochow, qui avait déjà abordé l'univers des peintres expressionnistes dans l'excellent biopic Paula - sur la pionnière Paula Modersohn-Becker -, opère une plongée tangible et tendue au coeur des années sombres du Troisième Reich, ou la confusion, le harcèlement et la dénonciation sont des valeurs furieusement installées au sein de la société et même plus directement, dans les cellules familiales.

Copyright WILD BUNCH GERMANY GmbH

Comme la relation qui unit Siggi et son paternel, dont le cinéaste explore et déconstruit la dynamique toxique entre discipline, ordre et harcèlement, pour mieux pointer du bout de la caméra au sein d'un cadre lui-même entre deux eaux (un village côtier, ou la mer à perte de vue est autant un appel à la liberté qu'une prison à ciel ouvert), comment le peuple allemand était condamné à deux seuls et unique choix : l'obéissance ou la rébellion (fausse liberté) et le conflit qui en découle.
Dommage finalement que le cinéaste n'aborde que trop superficiellement ses thématiques (d'autant qu'il n'y a pas de véritable affirmation sur la valeur de l'art et sa préservation, ni sur la précision avec laquelle la discipline et l'ordre fascistes ont potentiellement survécus à l'après-guerre), ni n'apporte même un tant soit peu de puissance ou de radicalité à sa mise en scène (même s'il capte brillamment l'isolement rural dans lequel gravite ses personnages, bien aidé par la jolie photographie Frank Lamm), ne transcendant jamais vraiment les prestations impliqués de son casting vedette (que ce soit Ulrich Noethen est à la fois haineux et vulnérable dans le rôle du paternel autoritaire et aigri, jamais assez humain pour réaliser sa toxicité, ou encore Tobias Moretti, véritable contrepoint subtil de Noethen en peintre consciencieux qui veut sauver son art des nazis).
Ce qui ne l'empêche pas pour autant d'être divertissant, même avec plus de deux heures au compteur et quelques coups de mou, mais c'est ce qui l'empêche clairement de dépasser le stade l'expérience mémorable sur l'auscultation de l’endoctrinement nazi...


Jonathan Chevrier



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