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[CRITIQUE] : Storia di Vacanze


Réalisateurs : Fabio et Damiano D'Innocenzo
Acteur : Elio Germano, Barbara Chichiarelli, Lino Musella,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Italien.
Durée : 1h40min

Synopsis :
La chaleur de l'été annonce les vacances prochaines pour les familles de cette paisible banlieue pavillonnaire des environs de Rome. Des familles joyeuses, qui parviennent à créer l'illusion de vraies vacances malgré leurs faibles moyens. Des familles normales. Enfin presque. Car leurs enfants vont bientôt pulvériser le fragile vernis des apparences…



Critique :


Il n'est pas difficile d'imaginer une version alternative de Storia di Vacanze de Damiano et Fabio D'Innocenzo, expurgé de son envahissante narration en voix off.
La raison - aveugle - le recommanderait presque de prime abord, tant l'expérience qu'incarne le second long-métrage du tandem, n'en serait que plus épuré et, d'une certaine manière, percutante.
Et pourtant, force est d'admettre qu'après mûre réflexion, car l'effort nous suit même longtemps hors de la salle, sans cette couche supplémentaire de complexité, ce récit peu original de passage à l'âge adulte perdrait justement le chouïa de singularité qui l'habite, cette atmosphère étrangement nauséabonde qui au lieu de prospérer, se dissiperait dès la première bobine.
Tout comme pour L'Année dernière à Marienbad d' Alain Resnais, la voix off est usé non pas pour paraître condescendant envers son auditoire en sur-expliquant ce qui est déjà montré à l'écran, mais comme une forme habile de contrepoint, voire même un outil intimement troublant.
Flanqué dans les méandres pourries de la banlieue romaine, où les frustrations d'une paternité toxique s'abattent sur des enfants sans défense, Storia di Vacanze se fait un conte aussi choral et ludique qu'incroyablement sombre et inquiet, dans la lignée du Virgin Suicides de Coppola.

Copyright Pepito Produzioni/Amka Films

Une oeuvre voltigeant avec distance et prudence entre plusieurs familles de la classe moyenne et ouvrière, lors d'un long et étouffant été méditerranéen ou les jeunes âmes tentent de concilier un difficile passage à l'âge adulte, et une éducation paternelle oscillant entre négligence, abus - plus ou moins implicites mais jamais physiques -, cruauté et misogynie affirmées (une perte de l'innocence douloureuse, qui était déjà le thème majeur du premier film des deux frangins, Frères de Sang).
Détruisant l'aspect protecteur et réconfortant du cocon familial, en en faisant le terreau anxieux d'une colère/violence insidieuse et nourrit par un manque cruel de communication - tout du moins saine -, expurgé de tout misérabilisme (mais aussi d'empathie) et d'un pessimisme à tout épreuve; Storia di Vacanze, noyé dans une photographie verdâtre à la fois menaçante (et qui va de pair avec un score d'Egisto Macchi, qui l'est tout autant) et étrangement nostalgique, est une oeuvre sordide et brutale sur le cycle compulsif et terriblement banale d'une autorité gangrenée et (presque) condamnée à se répéter de génération en génération, si elle n'est pas enrayée au plus tôt.
Mais la manière dont les enfants emploient leur intelligence et semblent déjà " mûrs " sans même avoir atteint l'adolescence, laisse douloureusement penser que la misanthropie de leurs parents (à qui aucune rédemption n'est offerte) a déjà déteint sur eux...


Jonathan Chevrier


 

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