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[CRITIQUE] : Cordelia


Réalisateur : Adrian Shergold
Avec : Antonia Campbell-Hughes, Michael Gambon, Johnny Flynn,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h28min.

Synopsis :
Cordelia vit avec sa sœur jumelle dans un appartement au cœur de londres. Traumatisée par un terrible événement ayant eu lieu 12 ans auparavant, elle avait abandonné sa carrière d’actrice. Toujours assez fragile sur le plan émotionnel, Cordelia est aujourd’hui sur la pente ascendante. elle a repris le travail et se re-socialise peu à peu. elle fait la connaissance de Franck, son voisin violoncelliste dont la musique l’a toujours beaucoup touchée. Mais tandis que leur relation prend une tournure plus sérieuse, elle se met à douter des motivations réelles du beau musicien.



Critique :


On est toujours mieux servi par soi-même, et comme de nombreuses comédiennes avant elle, la talentueuse Antonia Campbell-Hughes a compris qu'elle devait écrire les rôles qu'elle désire, plutôt que de les attendre au risque qu'ils ne viennent jamais à elle un jour.
Ce qui est chose faite avec Cordelia d'Adrian Shergold - également co-scénariste -, proposition imparfaite mais puissante, entre le drame de chambre claustrophobe sur la rupture émotionnelle, et le thriller psychologique glacial qui louche gentiment sur le Répulsion de Polanski, dans son exploration d'une femme qui se laisse glisser dans l'irréalité.
Soit Cordelia, une âme troublée et brisée qui peine à récupérer d'un traumatisme de son passé.
Actrice, elle répète une pièce de théâtre et vit dans un petit appartement au sous-sol d'un immeuble londonien effrayant, avec sa sœur jumelle, Caroline.
Mais lors d'un week-end ou celle-ci s'offre une escapade romantique avec son petit-ami Matt, Cordelia reste seule là-bas et commence à nouer une amitié étrange et dérangeante avec Frank, un jeune violoncelliste faussement charmant et peu fiable qui vit à l'étage du dessus...

Photograph: Kerry Brown

Solide éclat de malveillance entre rêve et réalité, qui pose gentiment son auditoire dans un sentiment de malaise palpable, ou son héroïne luttant contre ses démons et des voisins franchement étranges (dont un Michael Gamblin parfait même si présent qu'une poignée de minutes), n'aura de cesse de voir sa réalité vaciller, Cordelia réserve de fantastiques séquences inquiétantes et hallucinatoires, usant pour le coup merveilleusement bien du potentiel horrifique du métro de Londres.
Plongée au coeur de la névrose qui aurait pu être plus fascinante (avec une réflexion sur la gémellité, ou comment l'un des jumeaux peut devenir fou tandis que l'autre reste sain d'esprit) voire cathartique (le personnage titre est dur, peu aimable et difficilement empathique, ce qui n'aurait pas été dommageable si l'intrigue aurait plus affirmé ses penchants horrifiques), mais porté par une vraie écriture soignée, une photographie appliquée (signé par Tony Slater Ling) et une mise en scène assurée
(tourné en 35 mm, aux bons choix d'objectifs et de cadrage clairs, le tout sublimé par une colorimétrie savoureusement rétro), Cordelia tisse une jolie toile sombre sur la culpabilité, le chagrin, la folie et la cruauté humaine, avec une partition brillante d'Antonia Campbell-Hughes en son coeur.
Une bonne surprise sur le terrain un brin sinueux, de la VOD actuelle.


Jonathan Chevrier



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