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[CRITIQUE] : His House


Réalisateur : Remi Weekes
Avec : Wunmi Mosaku, Sope Dirisu, Matt Smith,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Épouvante-Horreur, Drame.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Après avoir fui les horreurs de la guerre au Soudan du Sud, un jeune couple de réfugiés peine à s'adapter à la vie dans une ville anglaise rongée par un mal profond.



Critique :


Si l'année 2020 a suffisamment connu d'horreur pour que l'on en soit vacciné pour plusieurs décennies (c'est tout ce qu'on se souhaite), les salles obscures ou même tout simplement les plateformes VOD, en ont été privés de manière totalement incompréhensible (Relic et puis... c'est tout), soit par faute d'envie, soit par quelques pétards mouillés dont on se serait gentiment privés - coucou Peninsula et la première partie de l'anthologie Welcome To The Blumhouse.
Fort heureusement, passé un joliment divertissant (surtout pour les aficionados d'Adam Sandler) Hubie Halloween, Netflix passe réellement aux choses sérieuses et dégaine un bouillant His House, petite bête de festival mais surtout premier long coup de poing du scénariste et réalisateur Remi Weekes, une ghost story urgente et grisante qui fait (vraiment) très mal.

Copyright Aidan Monaghan/NETFLIX

Fondant son horreur viscérale et intime dans un contexte réel lui-même terrifiant (la guerre civile au Soudan), façonnant les personnages avant même qu'ils n'arrivent face à l'écran (des âmes fuyant une existence brutale et qui a pourtant fait ce qu'ils sont aujourd'hui), tout en allant constamment à l'essentiel (90 minutes, pas un pet de gras de plus); His House conte l'histoire de Bol et Rial (Sope Dirisu et Wunmi Mosaku, tout simplement parfaits), un couple de réfugiés débarquant en Angleterre pour fuir la guerre et la mort.
Une arrivée qui est férocement douce-amère, entre un centre de détention pour immigrants froid et austère et un logement vétuste - qu'ils ne peuvent quitter sous aucun prétexte - dans un petit bled totalement quelconque; dite demeure qui va vite s'avérer méchamment hostile, au moins autant que ses environs.
Car autant le monde au-delà de la maison (petits agressions racistes, l'hostilité des habitants, entre haine de l'étranger, indifférence et nationalisme mal placé, le manque d'investissement des organismes censé aider,...), que la maison elle-même semble signifier au couple qu'ils ne doivent pas rester en Angleterre, que leur présence est probatoire, presque constamment en suspend.
Une violence indirecte mais totalement déprimante et crédible d'un côté, et une menace frontale et surnaturelle de l'autre (bruits et présences étranges, terreurs nocturnes), incarné par une entité fantomatique réellement flippante et aux apparitions joliment originales.

Copyright Aidan Monaghan/NETFLIX

Sans trembler et avec un aplomb incroyable, Weekes explore des thèmes aussi nécessaires que puissants (les strates nuancées du tribalisme, des traumatismes génocidaires ou même des réminiscences putrides de pays colonialistes,...), façonne à son image les codes du film de la maison hantée (bien aidé par la superbe photographie Jo Willems) et mêle la culpabilité déchirante de l'immigrant survivant, avec l'anxiété face au refus d'intégration et l'indifférence des pays d'accueil, au sein d'un cauchemar intimiste et maîtrisé, une fable imposante sur la bataille de deux âmes intériorisant leurs traumatismes pour mieux nourrir leur détermination à tout recommencer - même si ce nouveau départ leur glisse peu à peu entre les doigts.
Pour un premier essai, on est vraiment pas loin d'un coup de maître.


Jonathan Chevrier



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