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[CRITIQUE] : Borat : Le film d’après

Réalisateur : Jason Woliner
Avec : Sacha Baron Cohen, Maria Bakalova, Irina Nowak,…
Distributeur : Amazon Prime Video France.
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 1h36min.

Synopsis : 
Borat, le journaliste kazakh, exubérant, nigaud et arriéré fan des États-Unis, entreprend de tourner un documentaire sur ce pays. Borat se lance à la poursuite des personnalités politiques américaines afin de dresser avec eux le bilan de la présidence de Trump ainsi que sa gestion de la crise du coronavirus dans le pays.




Critique :


Il y a quelque chose d'assez fou à ce dire, surtout pour les inconditionnels du personnage et du premier film (ce qu'est clairement l'auteur de ses mots), que Borat Sagdiyev soit de retour en 2020 et pourtant, l'aspect totalement irréelle de cette année sous pandémie, couplée à la fin - on l'espère - du règne de terreur ridicule de Donald Trump outre-Atlantique, fait qu'il n'y avait pas meilleur période pour que le plus célèbre des journalistes fictifs du Kazakhstan, fasse son retour en cassant littéralement la baraque.
Car si Sacha Baron Cohen n'a strictement rien perdu de sa verve provocatrice et potache, le bonhomme a mûri et ce second opus de Borat, au titre WTF-esque (Borat Subsequent Moviefilm: Delivery of Prodigious Bribe To American Regime For Make Benefit Once Glorious Nation of Kazakhstan), il enrobe cette suite d'une conscience et d'une émotion totalement improbable - mais mesurée, cela reste un mockumentary -, sorte de road trip père-fille hilarant et férocement foutraque (avec une géniale et folledingue révélation : Maria Bakalova).

Copyright Amazon Prime Video

Filmé dans l'urgence en pleine pandémie du Covid-19 (dont il dresse un constat pimenté de sa gestion), porté par une charge politique encore plus élaborée que pour le premier opus (parce que plus mûrement réfléchi aussi, ne serait-ce que pour ne pas jouer simplement la carte de la redite), mais surtout une irrévérence crasse comme on en voit plus (la présence de sa fille lui permet d'en rajouter une couche conséquente, sur le penchant du quatrième meilleur journaliste du Kazakhstan à dénigrer le sexe opposé), Cohen, qui passe une grande partie de son reportage dans des costumes/déguisements qui feraient pâlir de jalousie l'inspecteur Clouseau, ressort son statut de poil à gratter number one des États-Unis - au goulag depuis quatorze ans -, avec une frénésie proprement indécente.
Fouillant les endroits les plus improbables de l'Amérique, pour mieux capter le chaos monumental de la bêtise ahurissante et faciste qui la gangrène, il en fait des caisses, tire toujours à vue sur tout ce qui bouge (quitte à se tirer lui-même dans le pied, en recyclant ses clichés xénophobes et antisémites faciles, même s'il a au moins le mérite d'écharper tout le monde sans la moindre réserve : politiques, catholiques, anti-masques, pseudos féministes,...), mais réalise pleinement que son personnage est une arme politique létale... wawaweewa.

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Sans aller piocher des répliques salaces auprès de la lie de l'humanité, il démontre avec force que la haine peut autant propager ses idées par les mots que grâce à une majorité passive ne faisant rien pour les contredire, l'horreur se cachant sans doute même plus dans l'inaction, le consentement silencieux ou même le manque de sérieux face à un danger de plus en plus croissant dans toutes les nations du monde (personne n'est à l'abri, pas même la France avec la montée en puissance de l'extrême droite).
À la fois plus joviale et sombre que son aîné - ce qui colle à la perfection avec le contexte social actuel -, ou l'humour slapstick n'est plus l'essence même de l'histoire mais ses respirations salvatrice (quitte à ce que les punchlines ne soient pas aussi percutantes que voulu, mais l'important est bien ailleurs), Borat 2 n'est plus l'épopée rocambolesque d'un bouffon en Amérique, mais bien le retour féroce d'un homme incarnant un pion improbable dans la lutte sur pellicule, d'un auteur engagé contre la monstrueuse propagation sociale du négationnisme.

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Si le choc n'est plus dans la fraîcheur d'une oeuvre originale, elle est bien dans sa propension à être scandaleusement drôle et vraie, tout usant de manière pas du tout subtile, les lois Hollywoodiennes du bigger and louder de toute suite à succès.
Satire sociale affûtée avec un vrai coeur tendre à l'intérieur (au travers du parcours de Tutar, qui découvre avec candeur les opportunités qui existent pour les femmes, en dehors de la culture hyperbolique et misogyne du Kazakhstan, miroir de nombreuses cultures archaïques actuelles), symbole fou et déglingué d'une année 2020 ou tout fut possible - même le pire -, Borat : Le Film d'après (titre VF merdique, well done Amazon Prime), est une excellente et intelligente suite ou les instincts satirico-sadiques de Sacha Baron Cohen (les bons comme les plus scabreux et sombres) sont toujours aussi présents... Very Nice !


Jonathan Chevrier



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