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[Y-A-QUOI A LA TELE CETTE SEMAINE ?] : #106. Semaine du 13 au 19 septembre 2020



Chaque semaine je continue à faire — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une offre cinématographique autour de trois œuvres. Mais, je vais aussi vous proposer des contre-programmations ainsi que des secondes parties de soirée pour les cinéphiles insomniaques.



Semaine du 13 Septembre au 19 Septembre



Dimanche 13 Septembre. 
Pentagon Papers de Steven Spielberg sur France 2.

En 1965, l’analyste Daniel Ellsberg se rend sur le front de la guerre de Vietnam pour le compte du secrétaire de la Défense. Quelque temps après, il décide de photocopier secrètement les rapports révélant le double discours des différentes administrations quant aux chances de victoire. Si, dans un premier temps, le New York Times publie ces informations, le président Nixon use de son pouvoir pour empecher le journal de continuer son travail. D’abord sur la touche, le Washington Post récupère le scoop, mais le rédacteur en chef, Benjamain Bradlee doit faire face aux réticences du conseil d’administration et s’assurer du soutien de la directrice du journal, Katharine Graham.

C’est avec une certaine rage au bide que Spielberg filme Pentagon Papers, sorte de réponse uppercut-ienne à l’élection de Donald Trump. Mais, comme souvent, le cinéaste travestit les choses, déguise les époques et accroche des miroirs. Ainsi, l’œuvre scrute le passé pour mieux évoquer, avec cynisme, notre propre époque. Derrière Nixon, se croyant mettre de l’information, se cache bel et bien un Donald Trump tirant à balle réelle sur l’ensemble de la presse. Face à lui ? Le réalisateur extirpe une figure féminine, chose rare dans son cinéma, qu’il dresse tel un emblème du contrepouvoir. Car, derrière la machine spielberienne, d’une précision redoutable, d’une inventivité déconcertante et d’une fluidité impressionnante, se niche un portrait de femme fascinant et complexe. Meryl Streep, dans une de ses meilleures performances des années 2010, ne cesse d’osciller entre force et fragilité, détermination et doute, pour finir par devenir cette figure spielberienne de « l’homme debout ».

Mais aussi... Arte programme Diamants sur Canapé de Blake Edwards. Écrin à l’élégance sans égale, Diamants sur Canapé est une sorte de pré-romcom dont émane tout le raffinement Edwardien. En effet, entre répliques acidulées et soirée improvisée, le film est indéniablement un produit de son réalisateur, qui supporte admirablement bien les effets du temps — en dehors de ce whitewashing. Il faut dire que l’œuvre donne à voir une Audrey Hepburn fascinante dans la peau d’une femme névrosée, fragile et sauvage, excentrique et mélancolique.



Lundi 14 Septembre. 
Blue Jasmine de Woody Allen sur Cherie25.

Alors qu’elle voit sa vie volée en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaires fortuné. Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa sœur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.

Le dernier chef d’œuvre Allenien il est là, Blue Jasmine un film aux allures de prouesses équilibristes. Maniant avec précaution les genres, le cinéaste new-yorkais dépeint le déclassement social — en plein scandale Madoff — qu’il aime faire osciller en un portrait aussi risible que bouleversant. Si l’on sait Allen à l’aise dans la manipulation des répliques, Blue Jasmine revêt un caractère peu présent dans la filmographie du cinéaste, la cruauté. Car, s’il épouse les contours liant ses œuvres, splendide lumière, airs jazzy et dialogues piquants, Allen renoue ainsi avec un récit tel Match Point, un regard plus cynique sur la société qui l’entoure. Au milieu de tout cela, une Cate Blanchett, récompensée aux Oscars, est au sommet de son art, impeccablement désabusé, elle apporte au personnage tout son charisme presque arrogant et parvient magnifiquement à capter l’essence même du cinéma Allenien, l’équilibre.



Mardi 15 Septembre. 
Nos Jours Heureux de Eric Toledano et Olivier Nakache sur W9.

Vincent Rousseau dirige pour la première fois une colonie de vacances et se retrouve plongé pendant trois semaines dans l’univers des colos avec petites histoires et gros soucis à la clé ! Vincent se retrouve alors confronté à la vie mouvementée du camp, de ses animateurs plus ou moins professionnels et des ados pas toujours évidents à gérer...

C’est la fin de l’été, et donc le moment idéal de se replonger dans Nos Jours Heureux. Avant, l’immense succès d’Intouchables, le duo Toledano/Nakache se servait de leurs propres expériences de directeur de colo pour articuler un film qui sent terriblement les vacances. Sorte de feel-good movie, Nos Jours Heureux est une petite bombe de bonne humeur. On retrouve, déjà, ce sens du dialogue qui fait mouche, le film est jonché de répliques hilarantes et de personnages aussi farfelus qu’immédiatement culte. S’il ne contient pas la charge sociale de certaines œuvres du duo, le film mérite un peu plus que de demeurer à l’ombre des mastodontes que représente la suite de leur filmographie. Car, oui, indéniablement, Nos Jours Heureux est un film léger, mais il possède en lui une énergie communicative, qui parvient à encapsuler toutes les merveilles — et galères — des colos.

La soirée continue avec... Asterix et le Domaine des Dieux de Alexandre Astier et Louis Clichy sur W9. Le créateur de Kaamelott délaisse le live action tout autant que le dessin animé pour oser le film d’animation. Il s’adjoint les services de Louis Clichy qui offre des images splendides mettant en valeur le trait d’Uderzo. Visuellement impeccable, le long-métrage est un bel exercice d’équilibre entre l’humour propre à l’univers développé par Goscinny et celui tout aussi singulier d’Alexandre Astier.


Thibaut Ciavarella

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