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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #103. Out For Justice

© Warner Brothers

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !



#103. Justice Sauvage de John Flynn (1991)

Il y a quelque d'assez fascinant (enfin, on se comprend hein), à l'idée de voir que les vingt premières minutes, juste les vingt premières - pas besoin d'aller plus loin dans l'analyse -, de la modeste série B bien légère mais burnée et régressive qu'est le génial Out For Justice - très bien titré Justice Sauvage par chez nous -, condensent presque à elles seules toute la recette shootée aux clichés ambulants, qu'incarne tout bon " Seagal movie " qui se respecte - et dont il est incontestablement le meilleur -, que ce soit les premiers (définitivement plus défendables et plaisant à revoir) ou les plus récents, tournés entre deux usines à yaourt désaffectées, dans le fin fond du trou du cul de la Bulgarie (et qui font réellement peine à voir, pour les amoureux du bonhomme, qui a résolument trop forcé sur la pizza depuis le début des années 2000).

© Warner Brothers

Tout y est : de la course-poursuite en bagnole (énergique et lisible), un rappel costaud du statut de flic du bonhomme, qui l'autorise à toutes les violences gratuites dont il est capable (notamment faire passer un mac violent à travers un pare-brise) un peu de violence bien crasse (le vilain titre qui tire six bastos dans le buffet d'un flic en pleine rue, avant de flinguer une pauvre femme qui se plaignait au volant de sa voiture), du fight sanglant - sans qu'il est à trop transpirer - et même un rappel essentiel à la religion catholique, à ses racines ritales et à la famille (en bon papa droit qui veille à ce que son môme fasse ses devoirs, et qui recueille même un chiot balancé d'une voiture en marche).
Levé de rideaux, avant même l'arrivée du premier tiers, le film de feu le très honnête faiseur John Flynn (Rolling Thunder et Haute Sécurité Forever), pouvait balancer sans trembler son générique de fin et pourtant, ce prologue n'est qu'un amuse-bouche en comparaison de la générosité folle et crasse qui émanent de ce qui reste, comme dit plus haut, le meilleur effort de la carrière du " saumon agile ".
Parcouru de tout son long par un script unidimensionnel et sans valeur ajoutée (la nuit musclée d'un flic voulant venger son coéquipier BFF, en liquidant un psychopathe imprevisible et sous coke, avec qui il a grandit), l'histoire dégaine une intrigue prétexte - et donc géniale - pour que notre Steven d'amour joue les tataneurs redresseurs de torts et les bras armés comme un porte-avion, de la justice, à en faire pâlir de jalousie ce bon vieil " architecte " qu'est Paul Kersey.

© Warner Brothers

Vendetta dure et imbibée de sang dans les rues d'un Brooklyn bouffé par le crime et la mafia, ou la loi et ses représentants n'ont pas leur place - ou presque -, Gino Felino est comme un superhéros : intouchable, fumant n'importe qui avec n'importe quoi (pour preuve cette magnifique scène de bar, ou il matte tout le monde avec une boule de billard logée dans un mouchoir), et n'ayant que faire des criminels et de la gouvernance de la mafia locale - dont il aurait très bien pu faire partie.
Richie Madano (le génial William Forsythe, qui cabotine tellement joyeusement qu'il en est dément) en est dès lors son opposé parfait, son versant sombre, tout aussi froid et imprévisible qu'imprégné par leur milieu, motivé non pas par un désir de justice mais bien un amour pour le chaos le plus total, saupoudré d'autant de coke/crack que son corps peut contenir à la seconde.
D'une ouverture coup de poing (agrémenter d'un épigramme du dramaturge Arthur Miller, sur les quartiers de Brooklyn) à un final sanglant se concluant sur une note d'humour totalement improbable (un petit pipi de chien vengeur sur son enflure d'ancien propriétaire), Flynn n'aura de cesse que de les opposer dans des séquences alternatives, causant chacun des ravages sur tout ce qui a le malheur de croiser volontairement ou non, leurs chemins (Richie sur les amis de Gino et d'anciens collaborateurs, Gino sur tout ce qui a un lien avec Richie, même sa propre famille); jusqu'à ce que leur folie sanglante se fond dans une confrontation à la brutalité imparable, totalement déséquilibrée car qui peut réellement battre Seagal - personne.

© Warner Brothers

Sous influence Scorsesienne jusqu'au bout de la pellicule (le cadre italo-américain, le goût frontal du bitume, l'approche nonchalamment humoristique et vulgaire de la violence, un vrai sens de la loi des quartiers new yorkais,...), même s'il trimballe comme un boulet autant un humour macho et gentiment scabreux, qu'un penchant machiste totalement assumé (une habitude pour l'époque, couplé à une écriture totalement accessoire de tous les persos féminins); Out of Justice est un petit bonheur pour les amoureux du cinoche d'action bourrin et viandard, un divertissement de premier ordre épuré et rythmé, qui ne ment jamais sur la marchandise régressive qu'il incarne.
Et ces péloches là nous manquent aujourd'hui, terriblement même...


Jonathan Chevrier





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