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[LES CARNETS DE L’ÉTRANGE] : Jours 6 et 7


#Épisode 3. Jours 6 et 7.

Comme chaque année, l'Etrange Festival se déroule début septembre à Paris, au Forum des images. C'est l'occasion pour nos humbles rédacteur.ices de découvrir un tas de films de genre, films bizarres ou curiosités cinématographiques.


La journée de Manon démarre avec Black Journal, une farce macabre de Mauro Bolognigi, datant de 1957 et diffusé dans le cadre des pépites de l'Etrange.
En Italie, en 1938, Léa, proche de la soixantaine, a tout de l'hôtesse idéale. Napolitaine émigrée du nord, vouant un amour immodéré au seul fils qu'il lui reste, elle invite ses amies à prendre le thé et leur offre son savon maison qui rend la peau si douce. Mais cette respectabilité n'est qu'une façade... 
Black Journal est inspiré du cas de Leonarda Cianciulli, surnommée la "saponifactrice de Corregio", tueuse en série qui défraya la chronique dans les années 40 puisqu'elle fabriquait des savons à partir des corps de ses victimes. 

Manon n'a pas été convaincue :



Black Journal aurait tout eu de la farce atrocement désopilante mais ce n'a pas été le cas. Les idées sont trop rares et les meurtres vont jusqu'à paraître anecdotiques. L'ensemble finit par devenir très long et on peine à rester attentifs. Manon.



© D.R.

Jonathan et Manon ont ensuite découvert Teddy, petite sensation à Deauville et présenté à l'Etrange Festival toujours dans le cadre des séances spéciales. C'est un film fantastique français, réalisé par Ludovic et Zoran Bouckherma. Dans les Pyrénées, l'été, un loup sévit dans la région, attisant la colère des villageois. Teddy, jeune homme sans diplôme vivant chez son oncle adoptif, travaille dans un salon de massage, tandis que sa petite amie Rébecca s'apprête à passer son bac. Peu de temps après avoir été mordu par une bête inconnue, il se sent pris d'étranges pulsions. 

L'avis de Jonathan :




Plutôt efficace dans son incursion fauchée mais sincère dans le genre horrifique (timide en effet, budget riquiqui oblige, malgré un climax pétaradant et franchement jouissif), porté par de vraies fulgurances et des idées de mise en scènes inventives, loufoque tout en regardant avec ténacité le nihilisme de notre époque; Teddy transcende son statut de série B cheap et kitsch (dans le bon sens du terme) pour incarner une jolie tragi-comédie socialo-horrifique (oui) satirique et enlevée, qui survole peut-être un brin certains de ses thèmes charnières (et est aussi frappé par une partition pas toujours adroite de son casting global), mais qui bouffe les genres qu'il aborde avec un tel enthousiasme qu'il ne peut qu'emporter l'adhésion de son auditoire.
Un bon petit OFNI, tout simplement. Jonathan.





Et l'avis de Manon, moins convaincue : Teddy avait, sur papier, tout pour plaire. Un film français prêt à dépoussiérer l'image du loup garou était quelque chose de prometteur. La bande annonce annonçait d'emblée un ton décalé, quelque chose de comique pour traiter d'un sujet qui avait été maltraité ces dernières années, depuis la sorties des Twilight et des oeuvres pour adolescentes qui ont tenté de surfer sur son succès. Au départ fidèle à ses promesses, Teddy s'enrobe de son style unique, se concentrant sur un véritable outsider, loin des faux jeunes hommes mystérieux. Le parallèle entre la nouvelle condition de son personnage et son statut de paria était intelligemment pensée et l'émotion perçait à travers le rire. Malheureusement, Teddy devient, au fur et à mesure, plus anecdotique. Le rire est abandonné et le tournant davantage dramatique étouffe, paradoxalement, l'émotion naissante. Le film devient trop consensuel et c'est bien dommage. Manon.


Copyright Les Bookmakers / The Jokers

Vous pouvez retrouver, pour continuer l'expérience, la critique complète de Jonathan sur le lien ici.

Copyright Les Bookmakers / The Jokers


Manon terminait sa journée avec The Trouble With Being Born, un film dramatique de science-fiction, germano-autrichien et réalisé par Sandra Wollner. The Trouble With Being Born était présenté dans le cadre de la sélection Mondovision. 
Elli, une androïde ayant l'apparence d'un enfant, vit dans une maison près d'une forêt avec un homme qui la traite comme s'il était son père. Programmée avec des souvenirs qui ne lui appartienne pas, elle est conditionnée à servir son propriétaire, quels que soient ses désirs. Mais pour combien de temps encore ? 

Manon est plutôt mitigée par ce film qui a déjà fait éclater un petit scandale dans d'autres festivals, elle explique pourquoi : 

The Trouble With Being Born avait déjà fait scandale dans d'autres festivals, en raison d'une supposée banalisation de la pédophilie. Certaines scènes sont effectivement, très étranges à regarder et peuvent certainement choquer les victimes de ces actes hautement condamnables. On devine, en les regardant, que les intentions de la réalisatrices n'étaient pas mauvaises : elle filme, avec distance, ce qui l'androïde subit, avec comme seul repère, sa voix off - ce était une excellente idée. Mais le sujet était trop délicat et son approche manque cruellement de précautions. C'est dommage puisque parce que, par ailleurs, The Trouble With Being Born propose des scènes et une seconde partie très intéressantes. C'est froid, âpre, et le seul repère est la petite voix de l'androïde qui se rattache à ce qui fait son intériorité. Manon.

© D.R.

Manon démarre ensuite sa journée du mardi 8 septembre avec Pour l'éternité, de Roy Andersson, présenté dans le cadre de la sélection Mondovision et décrit comme étant un drame et une comédie philosophique. Déjà primé à Venise, le film du réalisateur déjà bien reconnu et adoubé en festivals arrivait, pour notre grand plaisir, à l'Etrange Festival. 
En quelques séquences, Roy Andersson nous offre un patchwork tragi-comique de la vie. Ici, les anonymes ont autant leur place que les figures de l'Histoire. On y croisera aussi bien un prêtre perdant la foi, qu'Hitler dans son bunker, un homme dans un bus, un couple dans un café, tous égaux au milieu des rouages de l'existence. 

L'avis de Manon :

Roy Andersson nous revient avec un film à tableaux, dont il a le secret. Fortement inspiré et hommage à l'oeuvre du peintre Edward Hopper, Pour l'éternité peut dérouter le public non averti mais s'inscrit comme petite musique mi-drôle mi-tragique, dans laquelle chaque note serait l'égale de l'autre, un peu perdue dans son cadre qui lui est propre. Pour l'éternité présente, avec un ton décalé, l'immense solitude de l'existence. Manon.

© D.R.

Place ensuite à Tommy, comédie musicale - opéra rock sélectionné par Marjane Satrapi dans le cadre de sa carte blanche. Le film, de Ken Russell, date de 1975 et est l'adaptation d'un album de The Who
Après avoir assisté au meurtre de son père et s'être fait persuader par sa mère et son beau-père qu'il n'a rien vu, rien entendu et qu'il ne dira rien à personne, Tommy a reçu un tel choc psychologique qu'il est devenu sourd, muet et aveugle. Malgré ce traumatisme indélébile, Tommy va se prendre de passion pour le flipper dont il devient un champion. Retrouvent ses sens en se cognant contre un miroir, il est vite considéré comme étant un nouveau Messie. 

L'avis de Manon :

Tommy est le premier film a avoir été baptisé, par la presse, d'opéra rock. Il faut dire qu'on comprend aisément son statut de film culte : il est haut en couleur, kitsch, typique des années 1970, avec une bonne humeur et une exagération dont on se délecte. Mais, sur la durée, c'est autre chose. Tommy devient finalement un peu trop long, même si le voyage en vaut la peine. Manon.


© Collection Christophel

Manon découvre ensuite Relic, un coproduction Australie / USA, réalisé par Natalie Erika James. Suite à la disparition inexpliquée d'une octogénaire, sa fille et sa petite fille se rendent rapidement chez elle. En ces lieux sinistres, place une inexplicable menace qui ne fait que s'accroître. 

L'avis de Manon : 

Relic est sans aucun doute dans le haut du panier de cette compétition. La mise en scène est soignée et au service d'un récit intelligent. Trois générations de femmes de se retrouvent dans un huis-clos, pour faire face à la fin de vie de la première. Le film brasse toutes les thématiques que cela inclut : le souvenir, la difficulté de soutenir un proche qui perd la tête, la filiation, les relations familiales et l'amour que l'on peut avoir pour un aïeul. La maladie d'Alzheimer est représentée dans une formidable idée cinématographique, une maison couverte de post-it, dans laquelle font irruption deux proches qui peuvent vite devenir des inconnues. Aussi bien mené dans sa partie dramatique que dans sa partie horrifique, Relic est une très belle surprise dont on ne regrettera que la toute fin, un peu trop poussive.

Vous pouvez retrouver, pour continuer l'expérience, la critique complète de Jonathan sur le lien ici.

Copyright Star Invest Films France


Manon Franken

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