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[CRITIQUE] : White Riot


Réalisatrice : Rubika Shah
Avec : -
Distributeur : Les Bookmakers / The Jokers
Budget : -
Genre : Documentaire, Musical.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h20min.

Synopsis :
Royaume-Uni, fin des années 70, en pleine explosion punk : face à la montée de l’extrême- droite nationaliste et raciste, un groupe de militants choisit la musique comme arme. C’est l’aventure de Rock Against Racism qui, avec The Clash en première ligne, va réconcilier sur des rythmes punk, rock ou reggae les communautés d’un pays en crise.



Critique :



Petite recontextualisation nécessaire : août 1976, la superstar du rock Eric Clapton, passablement ivre sur une scène de Birmingham, déclare son soutien au politicien anti-immigration Enoch Powell, avertissant que la Grande-Bretagne était en danger de devenir une «colonie noire».
Un comble révoltant quand on sait qu'il a bâti sa carrière sur la musique blues afro-américaine, mais surtout que ses mots n'ont pas forcément eu de répercussions colossales (que dalle finalement) sur sa carrière.
Fort heureusement, sa tirade amère et férocement colonialiste, aura directement inspiré la formation de Rock Against Racism, un mouvement éphémère mais incroyablement puissant et nécessaire, commémoré dans le documentaire animé de Rubika Shah, White Riot, qui marque d'ailleurs son premier passage derrière la caméra.
Mélangeant des interviews contemporaines avec du matériel d'archives et des graphiques animés, le doc raconte la naissance et les premières années du RAR, passant d'une poignée d'activistes politiques partageant les mêmes idées, à un vrai mouvement national capable d'organiser d'énormes manifestations dans les rues ou des concerts de rock; une petite équipe de hippies de gauche - principalement blancs -, qui se sont unis pour lutter contre la montée de l'extrémisme à la fin des années 70's en Grande-Bretagne.



Prenant ses repères visuels sur Temporary Hoarding, le fanzine punk autoproduit de RAR, avant de culminer à l'événement historique contre les nazis, en avril 1978 (qui a vu 100000 personnes défiler à travers Londres avant d'assister à un festival en plein air à Victoria Park), White Riot adopte une esthétique bricolée du plus bel effet, un esprit lo-fi bourrés de séquences vintage éraflées, de performances musicales brutes - au moins autant que ses messages politiques - et astucieusement animées.
Exercice opportun et engageant dans l'histoire sociale et culturelle d'hier et d'aujourd'hui, le projet aurait tout de même mérité une approche plus globale et moins concise (le doc se clôt avec des images familières de The Clash en 78, à Victoria Park, alors que le mouvement à perdurer pendant plus de quatre ans par la suite) aurait pu lui donner un contexte plus profond et une résonance encore plus imposante, encore plus à une époque où la lutte contre l'extrémisme est à son plus fort.
Une note contemporaine plus urgente qui aurait incarné la cerise au sommet d'un gâteau pour le moins délicieux et passionnant, démontrant que même si la musique change au fil du temps, la parole elle, reste la même.


Jonathan Chevrier


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