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[CRITIQUE] : L’Oiseau de Paradis


Réalisateur : Paul Manate
Acteurs : Sebastian Urzendowsky, Blanche-Neige Huri, Patrick Descamps, Ahura Temaru,...
Distributeur : UFO Distribution / PREMIUM FILMS
Budget : -
Genre : Drame, Fantastique
Nationalité : Français
Durée : 1h29min

Synopsis :
Jeune assistant parlementaire métis, amoral et séducteur, Teivi revoit un jour Yasmina, une lointaine cousine maorie aux pouvoirs mystiques, qui lui fait une étrange prédiction. Mais en proie à des malaises hallucinatoires et empêtré dans une affaire de corruption immobilière, Teivi perd pied. Persuadé que Yasmina peut le guérir, il part à sa recherche et chemine jusqu'à la presqu'île fantasmagorique de Tahiti. L’Oiseau de paradis raconte un Tahiti intime et légendaire, métis et vivant. Un conte mystique et contemporain sur le plus beau des paradis perdus.



Critique : 




Le monde politique et le monde mystique se rencontrent dans le tout premier long-métrage de Paul Manate, sorti exceptionnellement en VOD tout d’abord en mai dernier, avant de venir sur le chemin du grand écran.
L’Oiseau de Paradis n’est pas seulement le premier film du réalisateur, il est également le premier tourné à Tahiti, avec des acteurs tahitiens, amateurs pour la plupart. Paul Manate décide de venir tourner son métrage dans l’île qui l’a vu grandir, s'imprégnant ainsi du caractère tellurique que possède Tahiti et explorer le chaos politique qui y règne. Deux personnages, possédant deux mondes à part, vont s’affronter dans un récit qui mêle le fantastique et l’expérience que vit les Maoris en Polynésie Française. Le cinéaste nous embarque dans la culture tahitienne, dans toute sa nuance, entre tradition et modernité.




Ce sont deux milieux sociaux qui s’opposent dans le récit écrit par Paul Manate lui-même et sa co-scénariste Cécile Ducrocq. Celui des riches, représenté par Teivi, jeune politicien ambitieux et prêt-à-tout, celui des maoris, représenté par Yasmina, sa cousine, mystifiée par une rumeur qui l’entoure : elle serait sorcière comme sa mère décédée. Le député Gilot met en place un lourd projet immobilier, qui doit déplacer tout un peuple pour construire un complexe hôtelier pour les touristes. Évidemment, les habitants ne veulent pas quitter l’endroit où leurs familles sont installées depuis des générations. Le débat est tendu. Au même moment, la rivière qui suit les habitations se trouve empoisonnée et de nombreux enfants doivent être hospitalisés d’urgence. Le conflit va alors s’intensifier. En parallèle, Yasmina qui vit chez sa tante, se voit renvoyer du lycée pour ses mauvaises notes. Elle doit faire appelle à son cousin Teivi pour lui donner un travail. Diamétralement opposés, Teivi et Yasmina peuvent cependant se comprendre par leur vécu similaire. Teivi est le fils d’un homme célèbre pour sa prose et respecté par la communauté, Yasmina la fille d’une sorcière reconnue dans son village. Tous deux ressentent le poids de l’héritage familial, la solitude qui s’y accompagne, sachant pertinemment qu’ils n’arriveront jamais à accéder à un tel niveau. C’est la prédiction que lui fait Yasmina qui va rapprocher ces deux êtres : elle le voit mort s’il continue sur la voie qu’il a choisit.




Paul Manate arrive à jongler le réalisme de son histoire avec le mysticisme des traditions de l’île grâce aux deux portraits qu’il peint des personnages principaux. Le récit prend des airs de polar, lourd et sombre, tableau d’une société gangrenée par la corruption et l'appât du gain. L’Oiseau de Paradis est un film qui parle de pouvoir : politique, mais aussi spirituel, le pouvoir de se connecter à cette terre qui porte en elle tant de trésors et d’héritages. Teivi tente de s’en emparer pour son propre bénéfice, Yasmina de le comprendre seule, sans l’aide d’une mentor qui lui aurait été bien utile. Ces combats, qui semblent à première vue très différents se rejoignent pourtant, grâce à un scénario efficace et une lumière jouant autant sur les couleurs pétantes que le clair-obscur. Le choix de mettre en scène des acteurs non-professionnels prend tout son sens ici et donne au film du relief dans son récit des habitants de l’archipel . Blanche-Neige Huri vole la vedette (même aux acteurs professionnels) tant son visage expressif et son magnétisme irradie l’écran.




Conte moderne aux confins du film sociétal et du polar brûlant, L’Oiseau de Paradis se présente comme une expérience sensorielle et visuelle intense. Paul Manate nous emmène dans un monde mystique, où la jungle vibre d’une volonté propre. C’est un regard important que nous offre le réalisateur sur une île aux paysages de carte postal, qui porte en elle autant de violence que de sable blanc.


Laura Enjolvy 




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