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[CRITIQUE] : The King of Staten Island


Réalisateur : Judd Apatow
Acteurs : Pete Davidson, Bel Powley, Marisa Tomei, Bill Burr,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h17min.

Synopsis :
Il semblerait que le développement de Scott ait largement été freiné depuis le décès de son père pompier, quand il avait 7 ans. Il en a aujourd’hui 24 et entretient le doux rêve d’ouvrir un restaurant/salon de tatouage. Alors que sa jeune soeur Claire, sociable et bonne élève, part étudier à l’université, Scott vit toujours au crochet de sa mère infirmière, Margie, et passe le plus clair de son temps à fumer de l’herbe, à traîner avec ses potes Oscar, Igor et Richie et à coucher en cachette avec son amie d’enfance Kelsey. Mais quand, après 17 ans de veuvage, sa mère commence à fréquenter Ray, lui aussi pompier, Scott va voir sa vie chamboulée et ses angoisses exacerbées. L’adolescent attardé qu’il est resté va enfin devoir faire face à ses responsabilités et au deuil de son père.




Critique :



Force est d'avouer qu'au fil d'une filmographie plutôt emballante même si un poil répétitive, Judd Apatow est plus apparu comme un dénicheur de talents qu'un solide metteur en scène, la faute à des oeuvres rarement excitantes visuellement, et même trop souvent étirées sur la longueur (aussi drôle soient-elles), malgré une direction d'acteurs irréprochable.
Mais comme dit plus haut, en bon chien truffier cinématographique qu'il est, il a su flairer une pléthore de talents spéciaux, pour les mettre en lumière et servir d'intermédiaire d'exception : Steve Carell, Seth Rogen, Paul Rudd, Amy Schumer et donc Pete Davidson aujourd'hui.
À ceci près que The King of Staten Island son nouveau long-métrage, n'est pas totalement un véhicule comique mais plus un récit fortement autobiographique sur un stoner à la bad attitude de vingt-quatre ans, sans perspective autre que de, peut-être, devenir tatoueur, et qui ne s'est jamais fondamentalement remis du décès de son pompier de père, dans l'exercice de ses fonctions (un traumatisme bien réel pour Davidson, également crédité au scénario, qui lui a surmonté ce deuil causé par les attentats du 11 septembre, pour devenir l'un des talents les plus prometteurs du moment, outre-Atlantique).




Ouvrant son histoire de manière étonnamment sombre (une tentative de suicide infructueuse), le film annonce très vite à son spectateur qu'il n'a rien d'une comédie conventionnelle, tant l'humour ne surgit pas forcément de situations potaches ou difficilement défendable, mais bien plus souvent de conversations honnêtes et intenses, écrites avec justesse.
C'est simple, durant la première moitié du métrage, il est rare qu'Apatow, à la vision définitivement plus mature, fasse en sorte que son auditoire puisse rire aussi bien avec qu'au dépend de Scott, tant il est semble être une pomme irrémédiablement pourrie et odieuse avec ses proches - notamment sa mère, qui tente de refaire sa vie avec un autre pompier, Ray.
Un métier loin d'être anodin, un véritable artifice scénaristique qui va permettre aussi bien le retour à la surface d'une douleur insondable pour son héros, que de servir de pivot solide pour délivrer un double message opposé mais complémentaire (sans que l'on ne sente une quelconque dissidence émotionnelle), à la fois colérique (crie du coeur des familles déchirées à vie, par la perte d'un dès leur) et plein de respect (un regard sincère sur la camaraderie et l'héroïsme sans prétention des pompiers).




Toujours habile pour ce qui est de rendre un tant soit peu sympathique et empathique des personnages qui font tout pour ne pas l'être, s'amusant à les laisser s'humilier/accumuler les erreurs sur la longueur - avant de les laisser réparer les pots cassés -, Apatow, qui canalise habilement l'esprit frondeur de Pete Davidson, démontre une nouvelle fois qu'il se soucie toujours de ceux qu'ils prend pour sujet.
Et c'est justement cela qui rend le voyage initiatique maladroit de Scott vers l'âge adulte, aussi captivant malgré une durée conséquente - plus de deux heures - que purgé de toute facilité (pas de romance rédemptrice, d'happy-end faisandé,...); un homme à la dérive face à lui-même, et qui trouvera une manière de s'en sortir uniquement par lui-même.
Comédie dramatique purement indé façon coming of age thérapeutique et doux amer, capturant merveilleusement l'esprit blessé mais résilient de New York autant que celui d'un sympathique loser au quotidien embué dans un nuage de weed; The King of Staten Island, porté par de belles fulgurances (quelques scènes sont aussi émotionnellement dur qu'organiquement drôle) et des saillies comiques finement croqués, tout en étant frappé par les mêmes maux que les précédents longs du cinéaste (seconds couteaux manquant d'ampleur, durée trop longue, rythme décousue ou encore une certaine prévisibilité, notamment dans son dernier tiers), ne serait cependant rien sans ses comédiens.




Pete Davidson en tête, évidemment, charismatique en diable et complètement à la hauteur d'un projet totalement voué à sa cause (il n'a jamais peur de dévoiler sa vulnérabilité, assez rare dans le giron de la comédie US), dont le cynisme un brin désespérée et l'innocence bouffone, rappelle souvent Adam Sandler.
À ses côtés, Bel Powley, touchante en ami de longue date et Marisa Tomei, formidable en mère qui tente de refaire sa vie malgré son rejeton boulet, offrent quelques bribes solaires là où Bill Burr, à l'aise dans l'improvisation, donne un répondant musclé à Davidson.
Avec plus de consistance et de temps de présence (un comble avec 2h17 au compteur), The King of Staten Island aurait sans doute plus prétendre au statut de film somme de son auteur... peut-être le prochain ?


Jonathan Chevrier 




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