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[C’ÉTAIT DANS TA TV] : #1. Code Quantum

NBC

Avant de devenir des cinéphiles plus ou moins en puissance, nous avons tous été biberonnés par nos chères télévisions, de loin les baby-sitter les plus fidèles que nous ayons connus (merci maman, merci papa).
Des dessins animés gentiment débiles aux mangas violents (... dixit Ségolène Royal), des teens shows cucul la praline aux dramas passionnants, en passant par les sitcoms hilarants ou encore les mini-séries occasionnelles, la Fucking Team reviendra sur tout ce qui a fait la télé pour elle, puisera dans sa nostalgie et ses souvenirs, et dégainera sa plume aussi vite que sa télécommande.
Prêts ? Zappez !!!





#1. Code Quantum/ Quantum Leap (1989 - 1993)

" Tout a commencé à l’époque où je dirigeais une expérience de voyage dans le temps appelée “ Code Quantum ”. Lors de cette expérience, une horloge cosmique déréglée me fit passer de l’état de physicien… à celui de pilote d’essai. Ce qui aurait pu être amusant si j’avais su piloter… Heureusement, je suis aidé par Al, mon ange gardien qui me suit depuis le début. Malheureusement, Al est un hologramme et je suis seul à pouvoir communiquer avec lui... Bref, je me promène à travers le temps, passant de la peau d’un personnage à un autre en essayant de réparer les erreurs du passé. Et j’espère chaque fois que mon prochain saut dans le temps me ramènera chez moi et me rendra enfin mon vrai visage… "
Parmi tous les mômes biberonnés par la riche galerie de séries balancées durant les glorieuses 90's par une M6 pas encore gangrenée par sa " drama cop " aiguë, énormément si ce n'est pas tous - soyons optimistes - ont grandis en s'émerveillant devant les aventures exceptionnelles de Sam Beckett, sorte de Marty McFly trentenaire et Prix Nobel, qui réalisait le fantasme ultime : utiliser sa propre machine à voyager dans le temps... quitte à ne jamais pouvoir revenir chez lui.

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Car tout le pouvoir attractif de Code Quantum, petite soeur télévisée de The Time Tunnel et du Fugitif créée par Donald P. Bellisario (JAG et NCIS, c'est lui), réside dans ce concept aussi fascinant et dingue - voire méchamment improbable - qu'accrocheur, suivre les pérégrinations d'un génie malheureux qui se balade dans le temps, sans ne jamais pouvoir rentrer chez lui, comme si la DeLorean de Doc s'était emballée et obligeait lui et Marty à sauter d'époque en époque, sans ne jamais pouvoir revenir en 1985 (le lien de parenté ne se résume d'ailleurs pas qu'à la gimmick du voyage dans le temps expurgé de toute complexité scientifique, où la dynamique d'un duo atypique).
Coincé dans le temps tel un Ulysse des temps modernes, son champ d'exploration est certes limité mais totalement imprévisible : si la durée de sa propre existence est un facteur essentiel (il ne peut voyager qu'entre sa naissance, en 1953, et la création de sa machine en 1999), c'est surtout la possibilité d'incarner l'espace de quelques instants la vie d'autrui (sans que cela n'altère les existences de leurs proches), qui prime le plus, son esprit se matérialisant dans le corps de personnes aussi variées qu'imprévu, pouvant aller d'un homme à une femme, d'un enfant à un adulte, d'un pilote d'essai à... un chimpanzé (oui).
Des sauts erratiques qui ont un but on ne peut plus précis, et qui ne sont pas que de simples caprices venant de son incontrôlable création, ils sont de véritables missions cruciales pour changer des existences (en sauver même parfois, tout simplement), réhabiliter des vérités ou remettre des destins dans le droit chemin.
Fort heureusement, dans son malheur aux multiples visages, il est aidé par son meilleur ami Al Calavicci, un hologramme qui apparait et disparait sans forcément prévenir, et qui essaie tant bien que mal de réparer la machine temporelle tout en donnant des informations essentielles - même si cryptiques, évidemment -, à son pote (via l'ordinateur Ziggy) pour ne pas trop le laisser dans la panade à chaque changement de corps/destins...
Pur morceau de SF alliant humour et drame avec une maestria rare, Quantum Leap (titre original) se paye le luxe incroyable de croquer autant une relecture fantastique qu'une redécouverte historique et culturelle fascinante de l'Amérique de la seconde moitié du XXème siècle, une errance universelle d'un homme qui explore et se fait monde à travers le tourbillon de l'histoire, sous les yeux d'un public parfaitement conscient de cette illusion, mais qui ne peut s'empêcher de dévier son regard d'elle.

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Durant 97 épisodes et cinq saisons bien trop courtes (de 1989 à 1993, salopés par une programmation désintéressée de la chaîne NBC), le show brassera des thèmes importants (la ségrégation, les droits civiques, la guerre du Vietnam, les mouvements égalitaires hommes/femmes, la course aux étoiles, la peine de mort,...), mettra en lumière l'intimité de figures imposantes de la pop culture (Michael Jackson, Marilyn Monroe, Elvis Prestley, Lee Harvey Oswald, Stephen King,...), multipliera les genres (le film sportif, le film noir, la SF old school, le film de guerre,...), touchera par son discours social constamment pertinent et intelligent, et laissera exploser à l'écran l'un des plus attachants comédiens de sa génération, Scott Bakula, performeur extraordinaire aussi à l'aise dans la peau d'une mère de famille acculée qu'une secrétaire sexuellement harcelée par son patron, d'un adolescent trisomique ou un pilote d'essai.
Se clôturant sur un final tragique assumant son paradoxe temporelle jusqu'au bout (en réparant une erreur passée concernant Al, Sam se prive d'un retour dans la réalité, et ne rentrera jamais chez lui), et à une heure ou l'idée d'un reboot total n'est pas à exclure dans une Hollywood en mal (volontaire) d'originalité, la série prouve encore aujourd'hui qu'elle n'a pas vieillit d'un poil dans son fond (pas dans sa forme, restons honnêtes), et qu'elle est toujours aussi délicieuse à redécouvrir encore et encore, les yeux imbibés de nostalgie.
Qu'est-ce qui fait un brillant show historique qui s'inscrit dans le temps ? Une création inspirée qui puise dans la grande Histoire pour raconter de belles histoires, et Code Quantum est clairement fait de ce marbre là... Oh bravo !


Jonathan Chevrier 


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