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[TOUCHE PAS NON PLUS À MES 90ϟs] : #51. The Last Boy Scout

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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 90's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 90's c'était bien, tout comme les 90's, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, prenez votre ticket magique, votre spray anti-Dinos et la pillule rouge de Morpheus : on se replonge illico dans les années 90 !




#51. Le Dernier Samaritain de Tony Scott (1991)

Si les 90's n'ont pas toujours été tendre avec Bruce Willis, l'acteur lui, a clairement été généreux avec cette décennie, avant de tranquillement rentrer dans le rang passé le virage sinueux des années 2000, ou il a (honteusement) enfoncé la touche pilote automatique à chacune de ses partitions sur grand écran ou dans les DTV de luxe, sauf quelques exceptions fugaces chez des cinéastes chevronnés (Rodriguez, Shyamalan,...).
Mais durant les glorieuses (si...) 90's, Willis assurait sur tous les terrains, le polar noir, l'horreur, la comédie, la science-fiction mais aussi et surtout l'action pure et dure, étiquette de John McClane oblige, une bénédiction (sans ce rôle, il n'aurait jamais connu la carrière qu'il a eu) autant qu'une malédiction, puisque le public avait décidé de le voir uniquement dans ce rôle et rien d'autre.
Et il s'est pourtant échiné le bonhomme, à effacer cette malédiction avec une détermination sans bornes, comme lorsqu'il a campé un anti-McClane absolu dans le formidable Le Dernier Samaritain de Tony Scott, pur buddy movie qui plonge avec fougue dans tous les instincts primaires du genre, mais aussi et surtout des spectateurs qui en raffole.

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Union parfaite entre l'écriture experte et féroce du roi Shane Black, les penchants pétaradants et régressif de Joel Silver, et de la mise en scène outrancière et génialement sauvage de feu Tony Scott, The Last Boy Scout en v.o, est peut-être ce que le genre a connu de plus sophistiqué et flamboyant, non sans quelques points noirs qui, étonnamment, n'entache pas plus que cela son aura.
Comme sa mysoginie assez crasse, ou les femmes ne sont bonnes qu'à tromper (la femme du héros le trompe avec son meilleur ami, celle du sidekick est une stripteaseuse qui en fait tout autant), qu'à être insulté ou être tué froidement quand elles ne sont pas une ado capricieuse à la langue extrêmement bien pendue (la fille du héros).
Une violence banalisée par une plus décomplexée et expressive, ou la mort est une camarade de la bonne punchline badass, au coeur d'une oeuvre dans sa généralité, jouissive et cynique au possible.
Polar noir sur les dessous pourries et corrompus du sport spectacle et de la politique - ici intimement liés -, articulé autour de la légalisation des paris sportifs sur le football professionnel, jouissant d'un ton désabusé et westernien dynamité par un humour sec et une action explosive et follement chaotique (ça pète, tire et tue de partout), le film apporte une bouffée d'hémoglobine et de kérosène frais au buddy movie, dont la fureur intérieur s'amuse à saccager toutes les barrières connus du bon goût pour leur en offrir de plus extrêmes.
La vie est une p*te ici, littéralement, et il faut faire avec et l'accepter, comme le fait tant bien que mal l'anti-héros Joe Hallenbeck, détective privé lessivé qui blague face à la mort, pionce déchiré dans sa caisse, est incapable de protéger son verre de pisse mais pourtant capable de flinguer du vilain en un seul coup de poing, et de prendre des balles pour le président.

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On a rarement connu la plume de Black aussi morbide et affûté dans son humour (elle sera en revanche, nettement plus méta deux ans plus tard pour le bijou Last Action Hero), mais aussi problématique également (le traitement des femmes, ou meme des enfants).
Assumant son délire jusqu'à son ultime bobine, Le Dernier Samaritain est un thriller d'action habile, cynique, burlesque, intelligent, férocement brutal mais aussi vilement misogyne, tout ça à la fois et même un peu plus encore.
L'incarnation du B movie volontairement over-the-top des 90's (une époque ou il fallait dire un truc cool avant de cogner), avec ses qualités comme ses défauts, tout simplement.


Jonathan Chevrier

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