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[FUCKING SERIES] : Plan Coeur saison 2 : Retour bâclé

Copyright Emmanuel Guimier/Netflix


(Critique - avec spoilers - de la saison 2)

Il n'y a rien de plus frustrant que de devoir attendre toute une année pour le retour d'une série pour sa nouvelle saison, et voir que celle-ci s'avère férocement en deçà de toutes nos pourtant légitimes attentes, autant par la force d'une paresse scénaristique effarante qu'un manque d'ambition à la limite de l'impardonnable.
Car si Plan Coeur n'avait pas forcément péter dans la soie de l'originalité pour sa première salve d'épisodes (pillage en règle de la romcom US, notamment 10 Bonnes Raisons de te Larguer), elle avait su nous charmer grâce à sa belle galerie de personnages, incarnés avec enthousiasme, mais surtout par les atermoiements affectifs et empathiques d'Elsa (sublime Zita Hanrot), perdue entre l'attachement toxique qu'elle entretient avec un ex possessif ayant déjà refait sa vie, et un amour naissant avec un gigolo payé pour la séduire, avant qu'il ne craque réellement pour elle.
Clôt sur un cliffhanger vraiment malin (le faux départ d'Elsa en Argentine, et l'arrivée de Julio à la porte de son nouvel appartement), la série nous revenait donc en ses premières heures d'octobre avec suffisamment de promesses pour que l'on soit au rendez-vous... sauf que voilà, comme dit plus haut, la série se gamelle dans les grandes largeurs et réalise le pire come-back possible, sur un tout petit ratio de six épisodes jouant au funambule entre remake pas assumé de la première saison, et idées vaseuses contredisant tous les préceptes de celle-ci. 

Copyright Emmanuel Guimier


Flanqué quatre mois plus tard, et semblant tirer un trait facile proprement improbable sur tous les événements passés, on retrouve notre trio de trentenaires qui redeviennent amies pour la vie malgré leur immense brouille suite à la révélation du pot-aux-roses pour Elsa, qui avait feint jusque sur les réseaux sociaux, un départ à l'autre bout du monde pour s'en remettre (joli crotte de nez jetée au visage du dictat des interactions sociales dirigées par Instagram and Co, qui montre que l'on peut pleinement s'inventer une vie au nez et à la barbe de tous), mais surtout vivre pleinement son histoire avec Jules/Julie, à l'abri des regards. 
Jusqu'ici pourquoi pas, l'amitié à ses raisons que la raison elle-même ignore parfois, mais voir Charlotte et Emilie ne retenir aucune leçon de leur erreur, en se mêlant à nouveau de la vie amoureuse d'Elsa, c'est aisément la grosse alerte rouge scénaristique qui démontre que les showrunners fonceront droit dans le mur durant toute cette saison.
Fou mais vrai, les deux Cupidons du pire vont tenter de jeter leur amie faussement célibataire dans les bras de son ex, Max, incarnation du mâle alpha pervers narcissique, qu'elles vont faussement modelé pour en faire l'homme brisé dont elle aurait supposément besoin pour (re)connaître le bonheur.
Digne de la réhabilitation du personnage de Bryce dans la saison 3 de 13 Reasons Why (c'est un poil exagéré... quoique), ce twist scénaristique putassier visant à installer un triangle amoureux évident mais totalement ridicule (là où l'arrivée d'un nouveau prétendant aurait été plus simple et moins moralement abject), rejette pleinement le sentiment d'amitié féminine réaliste et empathique instaurée aux origines du show, malgré le mensonge originelle, créé avant tout pour redonner confiance à l'une d'entre elle.
Une amitié qui, malgré l'enthousiasme des retrouvailles, laisse vite présager de douloureuses réservés de la part d'Elsa, laissant un malaise constant d'ambiguïté autour des aléas d'une héroïne qui n'a aucun mal à mentir à ses proches, tout autant qu'elle est totalement incapable de leur dire la moindre vérité. 

Copyright Emmanuel Guimier



Si Elsa touchait jadis par sa maladresse et sa naïveté - voire son indécision constante -, elle devient aujourd'hui profondément agaçante dans son désir d'indépendance par le secret et le mensonge, et cristallise douloureusement l'essoufflement d'un show qui s'embourbe dans des rebondissements tous plus ridicules les uns que les autres, tant elle a parfaitement conscience de son impasse face à un concept ne pouvant pas aller plus loin sans maîtrise, qu'une seule et unique saison, et ne dévoilant aucun constat générationnel pertinent (même pas un discours salvateur sur les obligations/pressions sociales anxiogènes que subissent les trentenaires)
Laborieuse, contradictoire, jamais vraiment drôle et immature (même si elle pense férocement l'être), n'étant vraiment prenante que dans ses envolées romantiques sincères (Elsa et Julio, pas assez présents ensemble à l'écran, mais surtout le couple Antoine/Emily), la seconde saison de Plan Coeur, porté par un casting malgré tout impliqué, est un retour tellement bâclé qu'on en viendrait même à ne pas vouloir une saison 3, malgré un final lumineux.
C'est dire si la déception est grande...


Jonathan Chevrier

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