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[CRITIQUE] : The Forest of Love


Réalisateur : Sion Sono
Acteurs : Kippei Shiina, Shinnosuke Mitsushima, Young Dais,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h31min

Synopsis :
À travers une analyse de la noirceur du comportement humain, "The Forest of Love" raconte l'histoire de Jo Murata, un homme sans merci qui utilise son charisme pour manipuler ceux qui l'entourent. Murata fait la rencontre de Shin et d'un groupe de cinéastes en herbe déterminés à faire de la relation turbulente entre Murata et Mitsuko le prochain sujet de leur film. Alors que ce petit monde se rapproche durant le tournage, mensonges et vérités s'entremêlent, et les limites de l'humanité sont mises à l'essai, donnant lieu à des actes épouvantables.



Critique :


Véritable trublion insaisissable du cinéma nippon, qui dépeint comme personne les travers d'une société japonaise rarement sous son plus beau profil devant sa caméra, Sono Sion apporte sa pierre à l'édifice Netflix en envahissant de manière totalement improbable l'ambitieuse plateforme (il sort de chez la concurrente Amazon Prime avec sa série façon bisserie sanglante de luxe Tokyo Vampire Hotel), avec son mystérieux et confidentiel The Forest of Love, balancé un brin à l'arrache ce week-end , au milieu de sorties infiniment plus populaires (coucou El Camino).
Sorte de synthèse filmique de toutes ses obsessions (sexe pervers, cultes de la personnalité, démembrements foutrement graphique, les figures anti-conformistes, le suicide,...), le dernier né du papa d'Antiporno est autant une sorte de billet d'entrée séduisante à un univers singulier pour les non-initiés, qu'un sommet généreux en terrain connu pour les amoureux du bonhomme, qui n'auront pas de mal de se sentir comme un poisson en eau trouble pendant près de deux heures trente jamais trop longue.


Copyright Tomojiro Kamiya

Délire furieux, décomplexé et délibérément sombre s'appuyant sur un fait divers bien réel des 90's, le film transpire l'aura de son cinéaste de tous ses pores, et incarne ce mélange si emblématique de trip hystérique et de récits tour à tour décousus et délirants, véritable feuilleton d'ivresse pure cher au bonhomme, s'amusant à malaxer les genres pour mieux assumer sa sublime singularité et balancer à la face du spectateur une charge au pluriel : autant une critique acide du capitalisme qui gangrène le Japon qu'une satire puissante sur la bourgeoisie et le patriarcat, sans oublier une vision sans concession d'une jeunesse nippone littéralement paumée et désoeuvrée, ainsi qu'une réflexion sur l'art, la création et le rapport du réalisateur sur sa propre filmographie.
Segmenté en chapitre bien distinct prenant son temps pour examiner les psychés perverses et sadiques de ses personnages, d'un pessimisme absolument total, la péloche offre un regard introspectif fascinant sur son propre cinéma d'un Sion ayant peut-être trouvé ce qui est son plus beau terrain de jeu, un habitat naturel où sa liberté de ton est sans limites, comme son imagination et sa douce folie.
Pourtant, cette épopée d’exploitation SM criarde et gore, véritable compilation de ses plus grands succès, pourrait peut-être se voir si l'on inverse le miroir - et que l'on devient aussi pessimiste que ce que l'on voir -, comme une oeuvre avouant à demi mot l'incapacité du bonhomme à vraiment franchir un nouveau cap (ce que l'on ne pense pas une seule seconde, même si la question mérite d'être posée).


Copyright Tomojiro Kamiya

Fresque imposante au rythme brusque et aux séquences imprimant durablement la rétine (en tête, une scène onirique ou des écolières dansent sur «Mushi no Onna» de Jun Togawa), dominée par la prestation démente et mature de Kippei Shiina - plus charismatique, tu meurs - et une gestion des émotions proprement grandiose (le type de catharsis qu'il est l'un des seuls à pouvoir provoquer avec autant de maestria), The Forest of Love est une oeuvre prenante et géniale, qui nous fait déjà trépigner d'impatience quand à son futur long, qui aura pour vedette le génial Nicolas Cage.
Comme d'habitude, les fans de Sion seront conquis, les autres friseront sûrement l'indigestion... et on les plaint sincèrement.


Jonathan Chevrier



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