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[CRITIQUE] : Persona Non Grata


Réalisateur : Roschdy Zem
Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Raphaël Personnaz, Roschdy Zem, Hafsia Herzi, Sarah Pasquier,,...
Distributeur : Mars Films
Budget :-
Genre : Thriller, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h32min.

Synopsis :
José Nunes et Maxime Charasse sont amis et associés minoritaires dans une entreprise de BTP en difficulté. Devant la nécessité de protéger leurs intérêts, ils prennent une décision radicale et se retrouvent liés par un sombre secret. Alors qu’ils commencent à entrevoir un avenir meilleur, un étrange personnage fait irruption dans leurs vies, leur rappelant que rien ne peut complètement s’effacer.



Critique :



S'il a une certaine tendance à favoriser le cinéma musclé quand il est devant la caméra des autres, le talentueux Roschdy Zem n'avait pas encore sensiblement sauté le pas derrière la sienne, ni même jouer la carte du remake, via ses quatre premiers - et excellents - films : la comédie romantico-religieuse Mauvaise Foi, la chronique judiciare vérité Omar m'a Tuer, le drame social Bodybuilder et le biopic vibrant Chocolat.
Double occasion de casser ses habitudes donc avec Persona Non Grata, sa cinquième réalisation, passant sous le rouleau compresseur made in France du film brésilien O Invasor de Beto Brant, polar noir solidement ancré dans la société brésilienne contemporaine et à la mise en scène énergique (voire même très épidermique, avec une caméra portée renforçant considérablement l'aspect physique de l'expérience), contant la descente aux enfers de deux partenaires minoritaires d’une entreprise de BTP voulant éliminer de l'équation un troisième associé, majoritaire lui, en employant un tueur qui va vite leur pourrir la vie.
Le fameux parasite cité dans le titre est cette fois incarné par Zem, plutôt bien entouré pour l'occasion (Raphaël Personnaz, Nicolas Duvauchelle, Hafsia Herzi, Sarah Pasquier,...), dans un remake appliqué et plus ou moins fidèlement adapté, petite péloche sans prétention façon thriller introspectif ventant les dérives assassines et empoisonnantes de l'appât du gain.



Remettant admirablement en question son cinéma, le cinéaste bouscule méchamment ses habitudes aussi bien d'un point de vue narratif (c'est sa première incursion dans le film noir, et elle est plutôt habile) que technique (sa mise en scène, au plus près des corps et des visages, est musclée) et esthétique (une photographie volontairement terne et singulière, qui tranche radicalement avec les polars hexagonaux), pour mieux croquer un excellent thriller psychologique, certes loin de péter dans la soie de l'originalité et n'approfondissant jamais réellement son concept accrocheur (on reste tout du long en surface, dommage quand on sait que le milieu du BTP, propice aux magouilles en tout genre, aurait mérité plus d'intérêt), mais qui roule admirablement dans les clous du genre pour rendre sensiblement attrayante sa spirale infernale ou personne ne peut réellement sortir indemne.
Traverser la fine ligne entre le bien (la loi) et le mal (le crime et l'illégalité), vendre son âme au diable par déraison implique instinctivement un tribu plus lourd que la récompense, et si les deux héros, José et Maxime (Duvauchelle et Personnaz, comme d'habitude convaincant), pensait faire de Moïse - un prénom judicieusement choisi - " leur sauveur " (Zem, parfait en fantôme menaçant), il n'incarnera au final que l'instrument brutal de leur déchéance.
Tendu, humble et haletant même si pas exempt de défauts (des personnages féminins jamais vraiment développés en tête, Persona Non Grata saura trouver satisfaction auprès des amateurs du genre, mais surtout auprès de spectateurs appréciant les petits bouts de cinéma hexagonaux bien faits, et ne se prenant jamais pour ce qu'il n'est pas.


Jonathan Chevrier


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