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[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #41. The Running Man

© 1987 WorldVision Entertainment

Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !




#41. Running Man de Paul Michael Glaser (1987)

Si, à notre époque la télé réalité est devenue tellement commune que l'on ne s'en préoccupe même plus et qu'on la consomme avec une avidité et un voyeurisme proprement effrayant, dans les 80's, c'était une attraction potentiellement excitante et surtout un champ des possibles imposant.
Et le septième art l'a (trop) bien compris.
Fausse adaptation d'un roman de Stephen King (signé sous le pseudonyme de Richard Bachman) mais surtout vrai remake jamais avoué/assumé du brillant Prix du Danger d’Yves Boisset avec un Gérard Lanvin tout jeunot (procès pour plagiat à la clé), Running Man incarne toutes les dérives fantasmées mais jamais impossibles pour autant, de ce que pourrait être la TV de demain, et encore plus dans une Amérique gouverné par la politique Trump.
Une grisante mais effrayante dystopie SF où un show télévisé relègue gentiment The Survival et Koh-Lanta à une compétition de bac à sable, en catapultant des prisonniers à perpétuité, dans une pluie d'arènes grandeur nature, où ils devront lutter à mort contre des gladiateurs testostéronés, gaulés comme des catcheurs et armés jusqu'au dent, pour tenter de grappiller une remise de peine et une libération immediate.


© 1987 WorldVision Entertainment

Petit bonus non négligeable : on y flanque un Schwarzenegger alors au sommet de sa hype, dans la peau de Ben Richard, ex-militaire accusé à tort d'un massacre civile, qui va s'amuser à liquider un à un les tueurs de l'émission présenté par l'horrible Damon Killian, pour le bonheur des audiences et des spectateurs.
Un ministère de la justice US corrompu qui s'amuse à créer un département " entertainment " en laissant tous les droits à une chaîne de télévision - pas notre CSA qui laisserait passer ça -, même celui de bafouer les droits de l'homme, une Amérique cruelle, victime d'un effondrement économique monstrueux et qui se divertit dans la violence même qui a bâti son pays; tout The Running Man transpire l'oeuvre politique couillue et crue, une belle ironie quand on sait que le Chêne Autrichien est devenu un vrai politicien moins de deux décennies plus tard.
Une oeuvre politique donc, mais savoureusement enrobée dans une couche de divertissement fondamentalement jouissif et régressif so 80's, emballé avec métier mais sans saveur, par un Paul Michael Glaser (Starsky forever) qui sait ce qu'il fait et surtout ce qu'il doit montrer : de l'action pure et dure, musclée et gore juste ce qu'il faut, qui ne fait que donner modestement à son auditoire ce qu'il désire.
Mémorable pour tous les fans de Schwarzy, prophétique dans ses dialogues aussi faciles qu'ils sont parfois totalement conscient du monde contemporain (les tirades cyniques de Killian, tellement vraies), la péloche mériterait même un potentiel remake aujourd'hui, histoire de confronter les spectateurs à leurs propres travers et leur consumérisme abusif - pour être poli.
Même si l'on doute qu'Hollywood soit capable de se tirer elle-même une balle dans le pied, en jouant autant la carte de l'honnêteté...


Jonathan Chevrier 


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