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[FUCKING SERIES] : Game of Thrones saison 8 : The end is here


(Critique - avec spoilers - de la saison 8)



Huit saisons à la qualité diverse mais majoritairement au-dessus du lot du caviar des séries US, deux ans d'attente franchement insoutenable pour découvrir enfin les ultimes balbutiements d'un show ancré dans la légende de la télévision et de son époque, tant il l'a autant bousculé que la popculture, à coups de scènes mémorables et de personnages férocement bien croqués et attachants, quand ils n'étaient pas jouissivement détestables.
Game of Thrones est devenu une marque, un symbole, une légende des années 2000, et comme tout mythe qui se respecte, son dernier virage ne peut que prêter à discussion (c'était déjà le cas pour Breaking Bad en son temps), car même si les showrunners ont pris gentiment leur temps pour nous concocter la dernière salve d'épisodes de la série, ce money time n'aura pas été sans faute, loin de là même, et pourtant, il est impossible de ne pas reconnaître que cette huitième saison est intelligemment frappé par le sceau de la cohérence, même dans ses plaies les plus béantes.


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Impossible de renier le fait que tout s'emboîte à la perfection et ne fait que ressasser ce que nous savions tous déjà ou presque, depuis le début, à quelques surprises plus où moins agréables près.
Comme pour la saison précédente, l'accent est volontairement mis sur le spectaculaire plus que sur les fabuleuses joutes verbales qui ont fait le sel de la série au fil du temps.
Un parti pris louable sur la première partie, centré sur la défense puis l'attaque tragique mais grandiose de Winterfell, vrai tour de force esthétique (tourné à la bougie... ou presque), faisant graduellement monté la tension en rassemblant les troupes (Winterfell) puis en établissant une stratégie de masse face au Night King (l'excellent A Knight of Seven Kingdoms), avant l'arrivée de celui-ci dans ce qui reste un épisode phare, ausis douloureux que totalement anxiogène, dont l'épilogue inespéré n'en est ressorti que plus imposant (Arya ❤).
En limitant les pertes majeures, en offrant de jolis moments de bravoure (Theon mais surtout Lyanna Mormont) tout en laissant planer le doute tout du long sur la survie de tous, The Long Night vise continuellement juste et ne tait jamais la menace incroyable qu'incarne le Night King, méchant ultime dont l'affrontement avec nos héros a longtemps été fantasmé.



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Jusqu'ici tout va bien, comme on a envie de dire, mais c'est quand la guerre pour le trône des sept couronnes reprend ses droits, que la série se met étonnamment à boîter et appuyer douloureusement sur l'accélérateur... quitte à s'embourber sans raison dans un chemin pourtant sans embûches apparentes.
Expéditive, la quête du trône de Cersei - étonnamment relégué au second plan cette année - par Daenerys n'aura pas démérité d'un point de vue spectacle (The Bells est d'une noirceur abyssale), mais cruellement d'un point de vue scénaristique.
Bazardant le destin de plusieurs héros qui nous sont chers (les sauvageons ne participent pas au combat, la relation Brienne/Jaimie est d'une maladresse rare, la mort mal amenée de Varys,...) autant que le développement de ceux qui le sont moins (Euron Greyjoy, pire personnage de la série, campé pourtant par un Pilou Asbaek animal), tout en jouant clairement la carte de la prévisibilité (Daenerys en mode Mad Queen, Jon Snow en amoureux transi qui ne sert pas à grand chose avant d'être le MVP qui se sacrifie pour la paix, Tyrion absous de ses "fautes"), la série se clôt dans un élan certes un brin frustrant mais comme dit plus haut, avant tout et surtout sincèrement cohérent.



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Car il était écrit/prédit depuis toujours ou presque, que Clegane affronterait une dernière fois son frère, que Daenerys ne serait jamais une reine aussi folle que son père pouvait l'être (et qu'elle allait mourir), que Sansa serait la grande reine du Nord, qu'Arya serait la grande guerrière que l'on a toujours pressenti mais également, que Jon Snow qui a toujours refusé le trône, serait de retour là où il s'est toujours senti chez lui : le Nord et la Garde de Nuit, avec le vrai statut de condamné cette fois.
Même voir Bran, la Corneille-à-trois-yeux, reprendre le trône majeur des sept royaumes est intimement cohérent (même si l'on attendait plus de son face à face avec Jaimie), dans un monde qui se dirige gentiment mais sûrement vers une démocratie fantasmée.
Et du côté des Lannister, le constat est identique.
C'était une certitude que Cersei ne conserverait pas le trône et ne ferait qu'encaisser le lourd paiement de tous les actes qu'elle a pu commettre dans son existence mouvementée.
Idem pour Jaimie, qui malgré une petite passade dispensable avec Brienne, ne pouvait pas terminer sa vie en dehors des bras de celle qu'il a toujours aimé, malgré les interdits.
C'est d'ailleurs clairement les Lannister, plus que les Stark, qui nous auront offert les moments les plus émouvants de la saison, que ce soit les adieux déchirants de Tyrion à son frère dans The Bells, où la mort poétique de Cersei et Jaimie dans le même épisode.

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Alors on pourra décemment regretter que l'attente n'a pas forcément correspondu avec le résultat final - comme trop souvent, et c'est logique -, que le rythme décousu, que le traitement des personnages, la forme où même que l'écriture partiellement grandiose, n'est jamais réellement parvenu a porté ce final dantesque à la hauteur où il aurait pu/dû être.
Nous avons le droit d'être frustré et un poil déçu donc - sans avoir a renié la maestria du show pour autant -, mais aussi et surtout d'être ému, car plus qu'une simple page qui se tourne, c'est tout un pan d'une vie télévisée qui s'est fièrement achevé cette nuit.
Longtemps teasé, l'hiver est venu, et c'était fantastique...


Jonathan Chevrier 



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