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[CRITIQUE] : Tout ce qu'il me reste de la révolution


Réalisateur : Judith Davis
Acteurs : Judith Davis, Malik Zidi, Claire Dumas, Mélanie Bestel, Mireille Perrier, ...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Comédie
Nationalité : Français
Durée : 1h28min

Synopsis :
Angèle avait 8 ans quand s’ouvrait le premier McDonald’s de Berlin-Est… Depuis, elle se bat contre la malédiction de sa génération : être né « trop tard », à l’heure de la déprime politique mondiale. Elle vient d’une famille de militants, mais sa mère a abandonné du jour au lendemain son combat politique, pour déménager, seule, à la campagne et sa sœur a choisi le monde de l’entreprise.
Seul son père, ancien maoïste chez qui elle retourne vivre, est resté fidèle à ses idéaux. En colère, déterminée, Angèle s’applique autant à essayer de changer le monde qu’à fuir les rencontres amoureuses.
Que lui reste-t-il de la révolution, de ses transmissions, de ses rendez-vous ratés et de ses espoirs à construire? Tantôt Don Quichotte, tantôt Bridget Jones, Angèle tente de trouver un équilibre…



Critique :


En 2008, le collectif L'avantage du Doute, dont la réalisatrice et actrice Judith Davis fait partie, monte son spectacle Tout ce qui nous reste de la Révolution, c'est Simon une sorte de comédie sociale et politique sur l'héritage de Mai 68. Sans le savoir, cette pièce sera la première étape pour que Judith Davis écrive et réalise son premier film Tout ce qu'il me reste de la révolution. La réalisatrice refuse le nom d'adaptation, préférant voir le film comme une prolongation de la pièce, les deux œuvres se répondant l'une et l'autre. Les acteurs et actrices viennent presque tous du collectif et veulent nous livrer un film engagé, qui véhicule leur valeur.


Le long-métrage s'intéresse à Angèle, une jeune femme engagée et enragée, qui se refuse à accepter notre société aliénante. Pour elle, pas question de se laisser piéger par la “start-up nation”, par cette résignation du boulot alimentaire non passionnant pour survivre, par les diktats de la société de consommation et par cette obsession d'être en couple et de former une famille. À bas le fatalisme, bonjour la révolution. Personnage déterminé et remonté à bloc, tout est prétexte pour entreprendre un débat politique. Mais Angèle, malgré ses précautions, se retrouvent autant piégée que les autres dans le monde du travail. Elle doit retourner vivre chez son père, ancien maoïste, toujours fidèle à ses idéaux.


Une chose est sûre, Angèle est Judith Davis. Judith Davis est Angèle. Le film transpire l'envie de bien faire, est à l'image de son héroïne, Tout ce qu'il me reste de la révolution bouillonne de passion et de sincérité. Un potentiel de comédie légère qui cache un propos plus profond pointe le bout de son nez, quand on la voit parler à une affiche de magazine ou à un distributeur de billet. Si Angèle paraît un peu naïve, ses idéaux sont clairs, transparents et surtout louables.
Malheureusement, Tout ce qui me reste de la révolution s'étiole à mesure que le film avance. À force de s'épancher sur les états d'âmes du personnage de Angèle, le film en oublie ses personnages secondaires tout aussi intéressants, si ce n'est plus. Léonor, la sculptrice qui est obligée de faire des moulages de pieds de nourrissons pour gagner sa vie. Diane, la mère de Angèle qui a totalement abandonné son passé de militante pour vivre à la campagne. Ou même Simon, le papa qui n'est pas aussi bon et gentil qu'on nous le montre. Le film peine à dépasser le stade de l'explicatif pour montrer autant visuellement que textuellement son propos politique. Nous ne sommes pas loin du film qui rabâche des idéaux sans un vrai regard derrière, se contentant de rester superficiel.


Sans base solide de narration et avec un manque de profondeur, Tout ce qui me reste de la révolution laisse un goût amère derrière lui. Si toute les bonnes intentions de sa réalisatrice sont palpables, son premier film ne convainc qu'à moitié.


Laura Enjolvy


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