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[CRITIQUE] : Black Snake : La Légende du Serpent Noir


Réalisateur : Thomas Ngijol et Karole Rocher
Acteurs : Thomas Ngijol, Karole Rocher, Michel Gohou, Edouard Baer,...
Distributeur : UGC Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h22min.

Synopsis :
Après des années passées à Paris, Clotaire Sangala revient dans son pays natal, en Afrique. Élevé par un grand-père chinois expert en arts martiaux, persuadé d’avoir été trouvé dans une poubelle, Clotaire ignore tout du glorieux passé de ses parents. Accroc aux femmes et à la vie facile, égoïste et sans ambition, Clotaire va pourtant être rattrapé par son destin... Il va devenir «Black Snake», le super-héros masqué et ultrasapé, libérateur du peuple face au dictateur Ézéchias. 


 

Critique :



Passé deux excellentes et piquantes comédies avec son ex-comparse du Jamel Comedy Club, Fabrice Eboué (Case Départ et Les Crocodiles du Botswanga), Thomas Ngijol, tout comme Eboué d'ailleurs, avait commencé à voguer en solo avec un premier essai au demeurant sympathique même si plombé par ses nombreux défauts : Fastlife, mise en images de l'ego surdimensionné de certains sportifs professionnels, mais surtout une vraie comédie qui s'exprimait directement à une certaine génération, celle justement, de la " Fastlife ", du " tout pour briller "; une génération accro à la célébrité - même express - et qui cherche par tous les moyens de se mettre en avant, que ce soit à la télévision au sein de diverses télé-réalités ou même à travers les réseaux sociaux.


Un nombrilisme effarant que Ngijol personnifiait avec Franklin, un narcisse imbu de sa personne et de ses compétences, qui ne jurait que par le bling-bling et le cash, quitte à sombrer dans le ridicule le plus absolu.
Ne cherchant jamais à se mettre en valeur, et encore moins à rendre son personnage sympathique (ce qui rendait de facto, sa quête de rédemption encore plus ardue), le jeune cinéaste enchainait les scènes grotesques à la pelle et forcait constamment le trait.
Trop peut-être d'ailleurs, au point de rendre sa médiocre star de supermarché franchement détestable - il trompe, déçoit et ment à ses proches - et férocement antipathique, tant il était difficile d'avoir la moindre indulgence ni de s'attacher à un personnage aussi exaspérant, un antihéros à la lourdeur gênante qui mettait trop longtemps à réaliser la grosse tache qu'il est devenu.
Un mauvais point (volontaire ?) de caractérisation fortement dommageable que l'on retrouve à la vision de son second essai, tourné conjointement avec sa compagne Karole Rocher, Black Snake : La Légende du Serpent Noir, un projet au long cours dont on attendait beaucoup, tant il semblait parodier autant les films de super-héros, sur-présents dans les salles obscures, que les films d'espionnage et de combats, tout droit sortie des 60's/70's.
Ce qu'il est au fond, dans un sens, même s'il emmagasine beaucoup de lacunes comme le précédent essai du wannabe metteur en scène.


Comme Franklin Ébagé, Clothaire Sangala est un personnage auquel il est sensiblement impossible de s'identifier (il est menteur, égoïste, tricheur, accro aux femmes,...), et qui n'aura de cesse d'en prendre plein la poire tout du long; comme pour Fastlife, le one man show de Ngijol ne fonctionne que partiellement malgré une envie de bien faire fortement louable.
Si les gags fusent à une vitesse folle - et sont passablement lourds, sauf pour les fans du bonhomme -, la majorité ne font malheureusement jamais mouche, et l'on peine à pleinement être impliqué dans cette histoire folle du premier super-héros franco-africain habile au combat et toujours bien sapé, qui s'éparpille plus qu'elle ne canalyse son pastiche pourtant assez fun du genre super-héroïque, dont il détourne les codes avec plus d'intelligence qu'il n'en a l'air.
Un peu brouillon, inégal, manquant cruellement de rythme et peinant franchement sur la longueur (malgré une durée extrêmement courte) mais joliment attachant, référencé (les films Marvel, les films des Shaw Brothers, de la Blaxploitation US,...) honnête et foncièrement drôle dans le fond, le tout sapoudré d'une composition appliquée autant de Thomas Ngijol que de ses seconds couteaux - Edouard Baer en tête -; Black Snake : La Légende du Serpent Noir n'a évidemment pas la même force que les films qu'ils égratignent gentiment, mais il a au moins le mérite de ne jamais trahir ses intentions et le public qu'il vise de tout son long.




Les spectateurs de comédies exigeantes seront certainement laissés sur le carreau à l'issue de sa vision, les autres, loin d'être allergique aux comédies potaches et simplistes, trouveront le tout suffisamment divertissant pour passer un très bon moment.
Reste à savoir au final dans quel camp on se trouve - le cul entre deux chaises est également une possibilité -, mais il est évident que Thomas Ngijol à l'ambition d'oser, quitte à souvent trébucher, et c'est une initiative qui a le mérite d'être saluer et même mieux, d'être soutenu un minimum.



Jonathan Chevrier


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