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[FUCKING SERIES] : The Haunting of Hill House : Le plus beau cauchemar de Netflix


(Critique - avec spoilers - de la saison 1)


En dehors de l'anthologie horrifique de Ryan Murphy, American Horror Story, dont la qualité est plus que déclinante au fil du temps (malgré un casting quatre étoiles toujours impliqué), gageons qu'il est bien difficile de trouver quelque chose à même de nous donner un petit peu de frissons sur le petit écran, même si les essais n'ont pas manqué au fil du temps (on oubliera poliment 666 Park Avenue, Hemlock Grove ou encore The River).
Que la surpuissante Netflix se lance dans le game de la terreur en adaptant de manière lointaine, la référence The Haunting of Hill House, le chef-d'oeuvre de Shirley Jackson, avait donc quelque chose d'infiniment alléchant, tant la marque de fabrique de la firme (nous refiler une saison complète sans attendre), colle parfaitement à ce type de show, et non une diffusion étalée avec une semaine de patiente entre chaque moment de flippe.
Mieux, et pour ne pas gâcher la fête, elle avait confier le tout à Mike Flanagan, dont on attend avec impatience son adaptation sur grand écran du Docteur Sleep de Stephen King, la suite de Shining


Et plus qu'offrir un vrai show horrifique digne de ce nom, Flanagan signe rien de moins qu'un puissant moment de télévision aussi terrifiant qu'il est d'une émotion déchirante, prenant volontairement ses libertés avec le matériau d'origine (déjà sublimé par Robert Wise en 63 avec La Maison du Diable) pour mieux happer son auditoire au sein d'un cauchemar angoissant jouant merveilleusement la carte de l'ambiguïté entre réel et imaginaire, entre représentation et suggestion, entre horreur et sentiments déchirants.
Relecture contemporaine façon fable infiniment complexe multipliant les sous-intrigues et les temporalités (et rappelant fortement le Ça de Stephen King) constitué comme un puzzle émotionnel et non chronologique, jamais plombé par son format ni sa durée (les dix heures en dix épisodes se tiennent parfaitement bien, à la différence de beaucoup de séries Netflix), le show dépoussière gentiment un sous-genre en décrépitude - les histoires de maison hantée - et s'impose in fine bien plus comme un drama familial psychologique aux personnages férocement attachants qu'une vraie série tv horrifique, un véritable roller coaster à la gestion du fantastique et de l'horreur d'une intelligence et d'une justesse rare.


Bien plus fasciné par les traumas de ses héros - multiples mais finement croqués - que par l'irruption d'envolées fantastiques, Flanagan fait que chaque épisode du show se concentre sur une figure torturée différente, et sa manière dont il gère ses évènements (et leur enfance pour la plupart) en plus de ses propres problèmes personnels, provoquant de facto encore plus d'empathie de la part d'un spectateur totalement hypnotisé autant par la mélancolie profonde qui entoure les Crain (les prestations habitées du casting, Elizabeth Reaser et Michiel Huisman en tête), que le mystère qui entoure les murs de leur demeure.
Esthétiquement léché et sophistiqué (même dans sa mise en scène, parfois joliment expérimentale, comme l'épisode 6 qui s'ouvre sur un plan-séquence de 23 minutes !), dénué de tout jumpscare facile ou de surenchère gore, jamais malaisant tout en étant porté par plusieurs séquences réellement éprouvantes; The Haunting of Hill House use avec malice toutes les palettes de l'angoisse pour mieux incarner un conte gothique ensorcelant et furieusement humain, un sommet de divertissement fantastique ambitieux et dévorant.


Peut-être, soyons honnête, le meilleur show Netflix à ce jour, avec House of Cards et, dans une moindre mesure, Orange is The New Black (dans ses premières saisons).


Jonathan Chevrier


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