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[CRITIQUE] : Aucun Homme ni Dieu


Réalisateur : Jeremy Saulnier
Acteurs : Jeffrey Wright, Alexander Skarsgard, Riley Keough, James Badge Dale,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Thriller
Nationalité : Américain.
Durée : 2h05min

Synopsis :
Au fin fond d'un Alaska sauvage et hostile, un spécialiste des loups à la retraite reprend du service pour enquêter sur la disparition d'un enfant.
 


Critique :


On avait découvert le génial Jeremy Saulnier il y a cinq ans maintenant avec le puissant Blue Ruin, polar intense au pays des rednecks férocement tendu et captivant, empruntant autant au thriller anxiogène qu'au cinéma horrifique.
Deux ans plus tard, il surenchérissait avec Green Room, véritable mélange des genres fou furieux façon série B totalement décomplexée, un pur moment de cinéma jouissif et dérangeant dans sa manière de rendre divertissant une véritable descente aux enfers vécue par des antihéros devant apprendre sur le tas, comment survivre et zigouiller son prochain... nazis.Une formidable récréation sur pellicule, référencée, violente et addictive, ou l'humour et l'horreur ne sont jamais très loin.
Exit la case " exploitation en salles " cette fois pour son troisième long, puisque Saulnier est passé du côté obscur de la force Hollywoodienne (Netflix) pour l'alléchant Hold The Dark, sobrement intitulé Aucun Homme ni Dieu par chez nous - vive la VF -, et basé sur le roman éponyme de William Giraldi, pour lequel il conte la descente aux enfers sanglante en plein coeur de l'Alaska, d'une poignée de protagonnistes aussi abîmés et dangereux que les loups qui dominent la région (mais dont la beauté est proprement indécente).


© Netflix

Une spirale infernale in fine très proche de celle vécue par les protagonnistes de Green Room, tant son thriller macabre, férocement ambitieux et tissé comme une toile d'araignée dont les fils se font de plus en plus oppressants à mesure que son héros, Core (formidable Jeffrey Wright), s'enfonce dans les tréfonds sauvage de son cadre faussement idylique -  véritable terrain de jeu funeste -; est un petit bijou de survival sanglant à la lisière du trip surnaturel, et (surtout) un nouveau et brillant mélange des genres référencés.
Articulé autour d'une narration non plus simpliste mais volontairement déroutante (jouant autant d'une esthétique merveilleuse que d'une ambiance jouissivement oppressante) et peut-être même un poil facile/ridicule (que Saulnier traite avec beaucoup de sérieux),  mais constamment imprévisible puisqu'elle suit les boussoles morales et pyschologiques biaisées de ses personnages (d'un Alexander Skarsgaard terrifiant de froideur à une Riley Keough enivrante), Hold The Dark peut autant se voir comme un survival terrifiant, un thriller labyrinthique et surnaturel (axé sur le folklore local) qu'un western " à la Peckinpah " en plein désert blanc.
Mieux, Saulnier n'a toujours rien perdu de sa facilité déconcertante à captiver son auditoire à coups d'images autant perturbantes que saisissantes - comme suspendue dans l'espace temps -, équilibrées de manière incroyable au sein d'un véritable cauchemar sur pellicule dont on ne ressort jamais réellement indemne.


© Netflix

Volontairement abstrait et lyrique, primaire immersif et laissant le spectateur digérer comme bon il le sent une histoire ne donnant jamais réellement tous ces tenants (même si l'on ne doute pas de l'infanticide au final, ni des comparaisons subtiles entre l'homme et le loup), Jeremy Saulnier fait de son dernier essai une oeuvre obsédante et apocalyptique, un regard désolant autant sur le pays de l'Oncle Sam que sur sur la nature sombre et sauvage de l'âme humaine.
Une péloche unique, qui ne conviendra pas à tous les auditoires...


Jonathan Chevrier


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