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[MÉLI-MÉLO-MARION] : #5. Virgin Suicides


#5. Virgin Suicides de Sofia Coppola (1999).

Tandis que la gent féminine bataille contre le sexisme au cinéma et particulièrement derrière la caméra, la parole des femmes à Hollywood se libère enfin dénonçant les nombreuses inégalités et injustices vécues par ces dernières. Il était donc tout à fait évident pour moi de mettre en valeur quelques-unes de ces nombreuses réalisatrices talentueuses pour mettre en lumière leur art et leur sensible empreinte. Pour ce faire, penchons-nous sur l'oeuvre Sofia Coppola et son premier film Virgin Suicides qui démontre avec poigne par sa grande virtuosité qu'elle est bel et bien la fille de son père.

Cette histoire dramatique et énigmatique narre la vie des cinq soeurs Lisbon, aux visages angéliques, de véritables nymphes ensorcelantes vivant dans les années 70. Les parents de cette jolie famille, cloitrés dans des valeurs religieuses et conservatrices sont extrêmement draconiens et stricts quant à la façon qu'ils ont d'éduquer les cinq adolescentes. Après le suicide soudain de la plus jeune, ces derniers vont alors revoir les règles familiales à la hausse et ainsi durcir l'éducation des quatre filles restantes, les privant totalement de vivre à l'extérieur de la maison. Les parents ferment donc inconsciemment à clé et à double tour les portes de cette fameuse prison dorée. C'est ainsi que les soeurs Lisbon vont sombrer dans une mélancolie dévastatrice, rêvant follement de la vie qu'elles ratent. Malgré l'aide et la solidarité apportée par les petits camarades des quatre jeunes femmes, le dénouement sera fatal.


Dès les premières minutes du film, le spectateur est directement averti quant à la tournure de l'histoire par une voix narratrice. Même si le titre suffisamment explicite met déjà en garde sur le contenu de l'oeuvre. Les actions découlent au rythme des souvenirs du narrateur qui raconte la vie des quatre soeurs à travers ses yeux d'adolescent qu'il était à l'époque où il les a côtoyé, ainsi, la vision de l'histoire paraît éthérée, irréelle et sublimée. La photographie grandiose et l'incroyable bande originale signée Air rendent Virgin Suicides totalement inoubliable et unique en son genre. À travers son oeuvre, Sofia Coppola réussit le pari délicat d'évoquer ce sujet extrêmement difficile qu'est le suicide. Elle impose son atmosphère reconnaissable et raconte avec brio cette phase compliquée du passage à l'âge adulte. Pour beaucoup, il s'agit là d'une période dévastatrice dans laquelle il n'est pas toujours évident de savoir qui l'on est et ce que l'on veut, tant la solitude peut parfois prôner sur tout le reste. Virgin Suicides raconte malheureusement des faits réels mais dénonce également l'éducation trop stricte des familles aux principes rigoureux. 



Ainsi il est clairement démontré que les punitions démesurées et les privations de liberté poussent parfois les adolescents solitaires et fragiles à sombrer. Seule éventuelle ombre au tableau ; le film se termine comme il a commencé et même si sa fin laisse sans voix, il plane tout de même un doute au-dessus de toute l'histoire, ce qui rend cela malgré tout légèrement frustrant tant les réponses ne sont pas clairement apportées.
Pourtant, malgré les quelques interrogations que peut ressentir le spectateur lors du générique, l'oeuvre atteint ses buts avec une douce noirceur grâce à une manière de narrer impartiale. Coppola ne juge pas et ne ment pas, elle raconte, sans artifices. La première réalisation de la jeune cinéaste est une ode à la mort d'une beauté noire, ensorcelante et inoubliable. L'histoire tragique d'une liberté bafouée et de cris de désespoir mit en sourdine. Virgin Suicides est un véritable chef-d'oeuvre hypnotique.


Marion



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