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[CRITIQUE] : Black Panther


Réalisateur : Ryan Coogler
Acteurs : Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong'o, Danai Gurira, Daniel Kaluuya, Letitia Wright, Angela Bassett, Forest Whitaker, Sterling K. Brown, Martin Freeman, Winston Duke, Andy Serkis,...
Distributeur : The Walt Disney Company France
Budget : -
Genre : Action, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h14min.

Synopsis :
Après les événements qui se sont déroulés dans Captain America : Civil War, T’Challa revient chez lui prendre sa place sur le trône du Wakanda, une nation africaine technologiquement très avancée. Mais lorsqu’un vieil ennemi resurgit, le courage de T’Challa est mis à rude épreuve, aussi bien en tant que souverain qu’en tant que Black Panther. Il se retrouve entraîné dans un conflit qui menace non seulement le destin du Wakanda, mais celui du monde entier.




Critique :




Si le MCU domine de la tête et des épaules la concurrence super-héroïque depuis près d'une décennie, gageons qu'elle reste considérablement à la traine niveau projet osé, tant la firme peine franchement à s'aventurer sur des terres inconnues, là où la FOX a su enchainer avec rien de moins que deux cartons R-rated (Deadpool et Logan), produit au rabais comparé aux canons du genre, et que le DCEU a installé Wonder Woman, avec une femme à sa barre - Patty Jenkins -, comme la figure de proue de son univers partagé sur grand écran.
Disney et Marvel se devaient de gentiment casser leur routine ronronnante, en balançant dans les salles une riposte qui redéfinirait autant leur mythologie que notre idée même du blockbuster moderne.


Ce qu'est pleinement Black Panther et son casting majoritairement composé d'acteurs noirs (un cauchemar pour la quasi-intégralité des producteurs d'Hollywood), une mini-révolution offerte au talentueux cinéaste Ryan Coogler, qui a su prouver autant la finesse de son regard sur la réalité sociale de la communauté afro-américaine (Fruitvale Station) que sa manière d'aborder avec force les notions de dépassement de soi et d'héritage (Creed).
L'homme de la situation, pour mettre en boîte un divertissement spectaculaire et grisant d'une richesse folle, un quasi-thriller d'espionnage bourré d'action façon relecture habile du mythe 007 aussi politiquement engagé (la place et l'identité culturelle du continent africain dans le monde moderne) qu'il recycle avec maestria tous les thèmes phares du cinéma de son cinéaste (la transmission, la quête identitaire et les doutes qui en découlent).



Audacieux (on ne cite pas les autres héros du MCU, et c'est une BONNE chose) et férocement intelligent, plaçant l'humain au centre des débats, véritable ode à la culture africaine (entre tradition et modernité) aux accents politiques résonnant puissamment avec l'actualité (avec la lutte pour les droits civiques en toile de fond, qui n'a jamais été aussi vibrante outre-Atlantique), esthétiquement inventif et léché (malgré quelques fond verts pas vraiment maîtrisé) et ne laissant jamais de côté son statut de grosse machine populaire (l'action est prenante et lisible); Black Panther est un blockbuster total qui en met plein la vue - mais pas que - et surclasse aisément ses petits concurrents du moment en se payant (enfin) autant des personnages féminins forts (on pense autant à la guerrière Danai " Michonne " Gurira, que la princesse Letitia Wright ou encore la sublime Lupita Nyong’o) qu'un premier vilain à la hauteur, campé par le comédien fidèle au cinéma de Coogler, Michael B. Jordan, totalement habité.


Croqué avec une véritable personnalité forte et des ambitions crédibles (il veut renverser l'ordre établi par l'histoire en imposant avec colère une suprématie noire sur tout le globe), il est le némésis parfait qui pousse un T'Challa charismatique et en plein doute (Chadwick Boseman, brillant), à se révéler et épouser pleinement son statut de souverain répondant avec les griffes et non la neutralité, aux inégalités sociales qui gangrènent la société depuis des siècles (la première scène post-générique est d'ailleurs une attaque frontale au gouvernement US de Trump).
Tribal, nécessaire et faisant de sa singularité un atout implacable, sans forcer, Black Panther est de loin l'aventure solo la plus grisante de la firme (et c'est peut-être son seul défaut, l'idée de devoir le rattacher au final aux autres films), ainsi qu'une formidable et dépaysante parenthèse à la lutte contre Thanos qui battra son plein d'ici mai prochain.


Jonathan Chevrier

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