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[CRITIQUE] : Ava


Réalisateur : Léa Mysius
Acteurs :  Noée Abita, Laure Calamy, Juan Cano,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h45min.

Synopsis :
Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l'océan quand elle apprend qu'elle va perdre la vue plus vite que prévu. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour passer le plus bel été de leur vie. Ava affronte le problème à sa manière. Elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite… 



Critique :



Mai 2016, véritable OFNI appelé à bousculer autant la Croisette qu'un cinéma hexagonal qui ne demandait que ça, Grave marquant de son empreinte indélébile le 69ème Festival de Cannes, comme rarement ce fut le cas ces dernières années.
Pas parti bredouille de la Semaine de la Critique, la péloche de Julia Ducournau a véritablement donné des idées de grandeur à un Thierry Frémaux pas mécontent à l'idée de potentiellement signer le même hold-up cette année.
Premier long-métrage de Léa Mysius (également co-scénariste des Fantômes d'Ismaël, présent en compétition officielle), Ava, lui aussi salué et récompensé dans la même section en mai dernier, s'attache tout comme Grave, à narrer la quête aussi étrange et initiatique d'une adolescente à l'aube de son (compliqué) passage à l'âge adulte.



Ava, treize printemps au compteur, passe ses vacances d'été au bord de la mer avec sa mère, qui incarne son parfait opposé.
Un été parmi tant d'autres si seulement la jeune fille, atteinte d'une maladie oculaire rare, n'allait pas bientôt perdre la vue.
Petit bout de femme enragée qui peine autant à contenir la rage qui bouillonne en elle que son incapacité à ressentir le moindre sentiment, Ava est de ces jeunes figures fragiles et sombres, qu'il est bien difficile de ne pas suivre avec une certaine empathique, surtout que Léa Mysius en brosse un portrait plutôt décomplexé, notamment dans sa manière d'aborder les thèmes charnières du teen movie (l'éveil à la sexualité, le rejet de la figure parentale), avec la maladie en toile de fond, et une envie féroce de refuser tout académisme putassier.



Et on y croit sincèrement à ce poème rugueux et singulier, une ballade mélancolique sur une ado qui se cherche par tous les oyens et expériences possibles, même les plus crus.
Tout du moins dans sa première partie, prenante et rythmé qui dépeint avec sensualité et crudité, l'âge troublé de l'adolescence, flirtant constamment entre le drame naturel et le conte fantasmagorique, à la lisière du cinéma de genre.
La seconde en revanche, plus vissée sur la romance charnelle entre Ava et un jeune gitan, fait presque totalement s'effondrer tout l'édifice établi jusqu'alors, saccageant autant son rythme (qui s'enlise peu à peu au point de frôler dangereusement avec l'ennui) que ses enjeux dramatiques (on zappe complètement l'enjeu majeur du métrage, la perte de vue de son héroïne).



Totalement tourné sur son personnage titre (campé avec justesse par la jolie Noée Abita), autant maladroit et prévisible qu'il est furieusement hypnotique, solaire et sincèrement singulier, Ava est un premier film étonnant - dans tous les sens du terme -, sensible et poétique dans ses multiples visages, une épopée douce-amère un poil plombé par son écriture (bancale et au symbolisme lourdingue, sans oublier qu'elle est bourrée jusqu'à la guele de dialogues sur-écrits), mais souvent sauvée par son infinie générosité.
Mais pour un premier essai, Léa Mysius s'en sort clairement avec les honneurs.


Jonathan Chevrier



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