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[CRITIQUE] : Cold in July


Réalisateur : Jim Mickle
Acteurs : Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson, Vinessa Shaw,...
Distributeur : The Jokers/ Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h49min.

Synopsis :
1989. Texas. Par une douce nuit, Richard Dane abat un homme qui vient de pénétrer dans sa maison. Alors qu’il est considéré comme un héros par les habitants de sa petite ville, il est malgré lui entraîné dans un monde de corruption et de violence.


Critique :

Depuis l'arrêt douloureux - surtout pour ses fans purs et durs - de la précieuse série Dexter il y a plus d'un an maintenant, on était de ceux a méchamment désespérer de voir débouler sur grand écran le génial Michael C. Hall, ayant déjà donné tout ce qu'il pouvait offrir pour renouveler avec panache le petit écran US.

Si le bonhomme n'a pourtant pas chaumé (on attend encore l'inédit et alléchant Kill Your Darling), il aura finalement fallu patienter jusqu'aux derniers jours de cette année 2014, pour le voir dans nos salles obscures en vedette d'un polar noir et burné comme on les aime, Cold in July.

Ou le nouveau long du talentueux Jim Mickle, un habitué du DTV de luxe mais surtout du cinéma de genre (les excellents We are what we are et Stake Land), qui commence à se faire une place non négligeable au sein du cinéma ricain.
Adaptation du roman " Juillet de Sang " signé Joe R. Lansdale (Bubba Ho-Tep !!!) et présenté à la Quinzaine des réalisateurs lors de la dernière Croisette, le bouquin aurait tellement impressionné le cinéaste qu'il l'aurait lu d'une traite, et aurait été frappé par l’obsession d'en faire une mise en image coûte que coûte.


Aux vues de son pitch hautement classique, on avait tendance à penser que Cold in July ne dépasserait pas le simple - mais noble - statut de petit plaisir coupable qui fleure bon les polar hard boiled purement ricain made in 80's, au casting titre burné comme pas possible et au capital sympathique énorme (Dexter au milieu des immenses Don " Sonny Crockett " Johnson et Sam Shepard, what else ?).

Et pourtant, bien mal nous en aura pris puisque si le film correspond parfaitement à cette définition, il est surtout un superbe thriller noir, violent et amoral méchamment fascinant et déroutant, qui imprime durablement la rétine de son spectateur pour ne jamais le lâcher durant près de deux heures de bobines savamment maitrisée.

Un des must de cette fin d'année 2014, mais surtout l'une des péloches les plus hargneuses et badass de ses douze derniers mois.

Cold in July donc, ou l'histoire, en 1989, de Richard Dane qui par une douce nuit d'été, se voit obliger d'abattre un homme qui est entré chez lui pour le cambrioler.
Alors qu’il est considéré comme un héros par les habitants de sa petite ville, il est malgré lui entraîné dans un monde de corruption et de violence, au moment même ou le père de la victime sort de prison, et fait irruption dans son quotidien...


Démarrant sur le terrain connu du thriller domestique, Cold in July laisse la fausse impression à son spectateur d'incarner une de ses péloches prévisibles, un de ses thrillers lambdas sans saveur sous fond de vengeance on ne peut plus classique entre un père violent qui décide de faire payer le bourreau de son fils par le sang, le tout au sein d'une spirale de violence inévitable.

Pas un mal en soit vu sa certaine efficacité, surtout qu'avec pour cadre presque parfait son Texas de la fin des années 80, Mickle reprend l'ambiance redneck pesante et sombre de son précédent long, We are what we are, ou une Amérique profonde à laquelle l'image de la sacro-sainte famille se voit torturée par un psychopathe adepte de la loi du Talion.

Mais, sans que l'on ne s'en rende réellement compte, le cinéaste renverse littéralement la situation en détournant intelligemment les codes du genre, à mesure que l'on glisse toujours un peu plus dans les tréfonds de la noirceur de l'âme humaine.

Malin comme un poux et usant admirablement bien de l'effet de surprise (c'est simple, on ne sait jamais ou nous mène le film), Mickle redistribue toutes ses cartes et aligne joliment les rebondissements, pour transformer sa bande dans son second acte, en une chasse à l'homme proprement amoral, ou la défiance est de mise contre une autorité qui est la reine de la corruption et de la manipulation (elle n'hésite pas à maquiller une victime pour arriver à ses fins) et ou la plongée au cœur de la violence est telle qu'aucun retour en arrière n'est possible.


Porté par un récit jusqu'au-boutiste possédant sa propre singularité et jouant souvent sur les ruptures de narration (on passe du home invasion au revenge movie, en passant par le buddy movie avec une facilité déconcertante), aux personnages à la caractérisation complexe, profonde et étonnante (on est loin des archétypes imposés par le genre) et magnifié par une mise en scène aussi léchée qu'élégante, Cold in July - Juillet de Sang est une haletante et intense descente aux enfers que l'on suit fasciné aux premières loges, un cauchemar éveillé parsemé de scènes à la violence jouissivement radicale et viscérale.

Brassant une pluie de thèmes imposant (la famille, la filiation, la paranoïa, l'attirance face à la violence) et soutenu par un casting impeccable et épatant (Michael C. Hall en tête, empathique dans la peau d'un père de famille maladroit et à la coiffure mulet atrocement ringarde), la péloche est un âpre et pur hommage nostalgique au cinéma de Sam Peckinpah et de John Carpenter, mais surtout à un certain pan du cinéma ricain des glorieuses 80's (comme le fit en son temps le merveilleux A History of Violence de Cronenberg, auquel on pense souvent), à l'humour teinté d'un cynisme salvateur et au non réalisme assumé.

Bref, un de ses petits objets de culte jubilatoire pour tous les amateurs de cinéma burné, qui a de fortes chances de fièrement trôner au sein de notre DVDthèque lors de sa sortie dans les bacs...


Jonathan Chevrier

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