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[CRITIQUE] : Coldwater


Réalisateur : Vincent Grashaw
Acteurs : P.J. Boudousqué, James C.Burns, Chris Petrovski, Octavius J. Johnson,...
Distributeur : KMBO
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min.

Synopsis :Brad est un adolescent impliqué dans plusieurs petits délits. Ses parents décident de le faire emmener de force dans le camp de redressement pour mineurs très isolé de Coldwater. Les jeunes détenus sont coupés du monde extérieur, subissent des violences tant physiques que psychologiques et n’ont d’autre choix que de survivre ou de s’échapper.



Critique :

Force est d'admettre que pour un premier long, Vincent Grashaw, producteur sur le puissant et méchamment indé Bellflower - et donc rompu aux conditions de mise en scène über difficiles -, ne s'est pas facilité la tâche, bien au contraire.

Faire un film sur le sujet on ne peut plus rude des camps de redressements privés ricains pour adolescents délinquants ou aux comportements ne convenant pas à leurs chers parents, ce n'est pas le genre de péloche que l'on voit tous les mercredis dans nos salles obscures, le dernier vrai exemple en date datant déjà de quelques printemps, Dog Pound, signé par le talentueux franchy Kim Chapiron.

Loin de plonger dans la surenchère outrancière des magasines télévisés nationaux du type Enquêtes Exclusives, Coldwater se veut un regard très réaliste sur ses organismes qui remettent de force et dénué de toute impunité, ses jeunes hommes dans le droit chemin, ou ils sont torturés, brisés et littéralement déshumanisés.

Et tout ça soit disant pour leur bien, si tenter bien sur, que ceux-ci arrivent à ressortir de ces camps, car plus d'un y sont morts avec les années...



Un thème fort, que le cinéaste développera à travers l'épopée carcérale de Brad, jeune délinquant qui baigne de la tête et des épaules dans le trafic de drogues aux côtés de vrais voyous.
Son comportement inacceptable à l'extérieur (ses méfaits, raison de son incarcération à Coldwater, sont d'ailleurs donnés avec parcimonie dans le film) est exactement le même sous son propre toit, ce qui oblige donc sa mère à l'envoyer à Coldwater, un centre de redressement tenu par un ancien militaire (l'impitoyable Colonel Franck Reichert, frangin éloigné du Sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket), lieu censé remettre dans le droit chemin les mineures à coups d'harcèlements psychologique et de violences physiques.

Face à des surveillants abusifs, Brad, au départ rebelle, va très vite comprendre les ficelles de cet enfer sur Terre dont on ne ressort jamais vraiment indemne...

D'une atmosphère affreusement sombre et pesante, Coldwater est une péloche d'une intensité et d'une violence réaliste méchamment dérangeante.

Un cinéma d'une radicalité totale, qui se pose sans ne jamais faillir, comme une dénonciation bouillonnante de ces organismes impunis par les gouvernements - et protégé par un flou juridique assez accablant -, ou l'injustice et la haine règnent, une dénonciation de la société américaine actuelle qui n'a rien trouvée de mieux que d'écarter une jeunesse en pleine déroute pour mieux lui venir en aide.


L'écarter dans des institutions closes, violentes et malsaines (et ou il ne faut pas grand chose pour y entrer), pour lui empêcher toute réhabilitation, l'écarter pour mieux lui faire embrasser un univers de délinquance constante qui lui fera squatter, une fois après avoir dépasser l'adolescence, diverses prisons pour adultes.

Comme Chapiron avec l'énervé Dog Pound, Grashaw se penche sur une dérive méconnu du système ricain, ainsi que sur la maltraitance enfantine derrière les barreaux, subit par ceux qui sont censés incarner le monde de demain.

Troublant (tous les malheurs et sévices subis par les ados, ne sont causés dans le fond, que par la volonté de leurs familles à ne pas vouloir les faire quitter le camp), confus (sa narration puzzle, accentuée par un montage chaotique, alternant présent et flashbacks/morceaux de vies passés), dur et déroutant, le film mélange les genres et suit tout du long l'odyssée personnelle de Brad - opportuniste qui avait tout pour plaire mais qui par sa propre faute, sombre peu à peu dans une impasse existentielle -, seul véritable rescapé de cette prison dont il aura très vite compris le fonctionnement.

Dans la peau du héros, le jeune et novice P.J. Boudousqué crève littéralement l'écran, sorte de frère cachée de Ryan Gosling avec le même visage juvénile, et un charisme mutique magnétique.
Faussement innocent et à la fureur intérieur bouillonnante, il est presque à lui seul la raison de découvrir le film en salles, tant sa profonde palette de jeu impressionne.


Désarçonnant, juste, fort, éprouvant (parfois à la limite de l'insoutenable), virant très vite du drame puissant au thriller tendu, Coldwater à beau avoir ses défauts (une photographie trop soignée et pas assez poisseuse, un jeu d'acteurs très limite et un final trop extrême pour être vraiment crédible), il n'en incarne pas moins un excellent et nécessaire exercice de style qui est loin de laisser indifférent, une descente aux enfers maitrisée et intense, citant agréablement le cinéma de Larry Clark et porté par une jeune vedette pleine d'avenir.

Ou une belle, âpre et prenante alternative aux blockbusters pas tous forcément originaux, du moment...


Jonathan Chevrier


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