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[CRITIQUE] : Godzilla


Réalisateur : Gareth Edwards
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Elizabeth Olsen, Ken Watanabe, Sally Hawkins, Juliette Binoche,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : 215 000 000 $
Genre : Science-Fiction, Aventure,  Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
Godzilla tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l'humanité semble impuissante...



Critique :

[ATTENTION : Nous vous prévenons à l'avance, cette critique contient bon nombre de spoilers sur l'intrigue de Godzilla, tant il est difficile pour tout critique de ne pas se laisser enivrer par la douce folie des révélations face à une péloche d'une telle ampleur.
Donc tous ceux qui ne veulent pas tout découvrir de ce film, devront attendre sa sortie en salles et sa vision pour mieux apprécier notre avis détaillé. ]


Rares sont les décisions de majors à réellement nous surprendre dans le bon sens du terme, voilà pourquoi il est impératif de préciser combien la Warner nous avait, déjà, séduit dans les prémices de sa mise en route de ce reboot du plus célèbre des Keiju Eiga, en accordant toute sa confiance au brillant Gareth Edwards, auteur du sublime et intimiste Monsters.

Après le pari Guillermo Del Toro - payant à l'international, mais pas sur les terres ricaines - à la tête du jouissif et spectaculaire Pacific Rim, on ne pouvait que féliciter la major de mettre ses couilles sur la table et de démontrer à toute la jungle Hollywoodienne qu'elle au moins, était capable de mettre un sacré billet sur la table pour prendre des risques originaux aux côtés de cinéastes au talent plus que certains.

Mais force est d'admettre qu'avant que l'imposante et incroyablement efficace campagne promotionnelle ne s'abbat sur les cinéphiles du monde entier, nous avions tous un petit peu peur de se que ce reboot de la franchise Godzilla pouvait bien donner, la purge sans nom signé Roland Emmerich datant de 1998 avec un dieu des lézards plus proche du T-Rex de Jurassic Park qu'autre chose - et un Jean Reno que l'on aurait préféré ailleurs -, nous ayant traumatisé presque à vie.


Personne n'y croyait même pour être totalement honnête et pourtant, loin des volontés purement mercantile qui aurait pu motiver la mise en route d'un blockbuster aussi dispensable, toutes les bonnes impressions laissées par ses nombreux trailers se retrouvent toutes confirmées sans exception à la vision de ce second long métrage d'Edwards, tout simplement l'une des meilleures grosses productions jamais produites de l'histoire du septième art contemporain, à la richesse impensable et à l'impact sur la rétine purement destructeur.

Prenant à contre-pieds la tendance actuelle que tout blockbuster doit en mettre plein la tronche pour vraiment marquer, Edwards prouve que sa vision a plus de profondeur et de légitimité que la concurrence, en se consacrant bien plus à l'aspect dramatique et l'impact psychologique face à une attaque d'une ampleur encore jamais connu, faisant de son métrage un pur film catastrophe spectaculaire, poignant, excitant et respectant scrupuleusement le mythe de Godzilla jusqu'au bout des ongles (griffes).

Gérant judicieusement son temps pour installer son intrigue dans une première heure ou il ne se focalise que sur l'impact humain, que ce soit sur le thème douloureux de la perte d'un être cher - via le duo père-fils Brody Cranston/Johnson, devant surmonter la tragédie de la perte de leur femme/mère -, de la peur face à une personnification inarrêtable de la puissance de dame nature, des apparitions de Godzilla ou encore celui de la conspiration politique comme dans tout bon thriller des 70's.

Secrets gouvernementaux, bombe atomique, relents écologiques et traumas de guerre qui ressortent face à une menace de plus en plus puissante, que ce soit des États-Unis (Johnson en militaire spécialisé dans les bombes et le déminage) ou du Japon - puis Hawaï et la côte Californienne - (Cranston, en ex-physicien à qui on ne l'a fait pas), on suit la quête de vérité de cette famille face au protectionnisme abusif des gouvernements mondiaux, avec un intérêt et un enthousiasme non-feint.


Et à l'instar du grand Spielberg pour les Dents de la Mer - et dans une moindre mesure, de Matt Reeves pour Cloverfield -, Edwards joue avec la frustration de ses spectateurs en retardant au maximum le dévoilement de ses armes bigger than life (comme pour une scène ou un combat commence, mais dont on ne voit pas la fin puisque l'on suit la sublime Elizabeth Olsen, partie se réfugier dans un abri).
Mais lorsqu'il se prend le plaisir de faire surgir ses monstres dans un climax dantesque et jouissif, il nous fait très vite comprendre que peu importe nos forces de défenses, la menace qu'ils incarnent nous dépasse littéralement, ceux-ci détruisant nos infrastructures comme on détruirait des châteaux de sable à la plage.

Cadré intelligemment à hauteur d'hommes, pour conserver constamment une échelle humaine face à cette apocalypse, il tétanise complétement son auditoire, effrayé et impuissant face à la dominance totale et implacable de Godzilla et ses némésis, dont chaque apparitions s'apparentent à une destruction massive pure et simple.
D'ailleurs, en parlant du Godzilla - au design superbe -, Edwards lui confère une aura iconique, rendant toutes les lettres de noblesses de son mythe jusqu'à un plan final ravageur, son magnétisme étant constamment prégnant même quand le monstre n'est pas face caméra.

Mais si Godzilla version 2014 est si dévastateur, c'est avant tout et surtout parce que la mise en scène du cinéaste surprend et impressionne par sa justesse, son dynamisme et sa qualité impensable dans une production d'une telle importance, rapprochant son cinéma d'une autre figure tutélaire que Spielberg, celle de Guillermo Del Toro sauce Pacific Rim.

Comme chez lui, point d'orgie du chaos numérique à l'horizon - à la différence du cynique Michael Bay -, la virtuosité et la sincérité du talent d'Edwards capte avec honnêteté la catastrophe qui frappe l'humanité, multipliant les points de vues avec intelligence et ne reléguant jamais la mort au hors champs - il l'a saisit même parfois sur le fait, avec des êtres balayés par le roi des monstres -, enrobant ainsi son œuvre d'un sentiment d'urgence presque (trop) réaliste et surtout d'horreur, profondément déstabilisante et viscérale puisqu'elle nous claque de plein fouet.


Une horreur pourtant très vite aseptisé par des effets visuels époustouflants (la 3D, souvent inutile, étant le seul point faible du métrage) et un climax foutrement jouissif et intense, un choc des titans méchamment fluide et divertissant à l'ampleur délirante, ou le metteur en scène décharge toute sa puissance de feu avec une euphorie emballante mais maitrisée de bout en bout, puisque son action y est constamment lisible.

Même dans sa gestion des personnages - tous empathique -, le réalisateur transcende ce qui faisait la magie de son premier essai, en un véritable tour de force scénaristique digne de Spielby et Del Toro.

N'ayant pas changé son fusil d'épaule depuis Monsters (et c'est tout à son honneur), l'invasion de monstres sur la population mondiale n'est qu'une toile de fond linéaire pour raconter l'histoire bouleversante d'une sympathique famille, les Brody - hommage volontaire au héros de Jaws, le chef Brody -, un père et son fils unis face aux envahisseurs (thème cher à Spielby), dont les traumas sont étroitement lié à l’histoire du monstre, et qui feront tout pour préserver leur famille et l'humanité qui les entoure.

D'un Bryan Cranston toujours exceptionnel (peut-il en être autrement ?) à une Elizabeth Olsen infiniment juste, sans oublier un Aaron Taylor-Johnson méchamment crédible en héros tout en colère et en fragilité, tout le casting (l'excellent Ken Watanabe, Sally Hawkins ou encore l'apparition furtive de Juliette Binoche) s'évertue à être le plus convaincant possible.


Sublimé par une éblouissante et funèbre photographie de Seamus McGarvey ainsi que par la musique impeccable d’Alexandre Desplat - qui livre ni plus ni moins que l’une des meilleures partitions de sa carrière -, bourrés jusqu'à la gueule de scènes d'anthologies et de morceaux de bravoure, Godzilla est un blockbuster surprenant, inventif, spectaculaire et poignant sans nul pareil, au traitement profondément humain porté par une étonnante rigueur dramatique, et qui aura intelligemment su conservé le mystère sur ses tenants durant une pourtant très riche campagne promotionnelle.

Référencé (on pense autant aux Dents de la Mer, à La Guerre des Mondes qu'au Jurassic Park de Spielby), fidèle au mythe tout en étant joliment personnel, haletant, sincère et authentique, il se détache de la concurrence estivale en offrant en plus d'un spectacle incroyable, un background politique intense en dénonçant sans hésiter la politique nucléaire de certains pays, les mensonges perpétrés par les médias et le gouvernement.

Ou quand l'arrogance et l'impuissance des hommes contraste avec l'assurance et l'invincibilité de dame nature, qui rétablira in fine l'ordre des choses comme elle l'a toujours fait.

L'impatience était à son comble, on en attendait beaucoup de ce Godzilla 2014, mais sincèrement pas autant.
Difficile maintenant de paraître enthousiaste face aux autres blockbusters de l'été (mis à part La Planète des Singes : l'Affrontement), tant le dernier film de Gareth Edwards écrase littéralement la compétition.


Un grand réalisateur est née, une grande légende renait de ses cendres et un grand film s'intronise dans le panthéon du culte et tout ça, en à peine plus de deux heures.

Plus qu'un miracle, on appelle ça par chez nous, du grand cinéma.


Jonathan Chevrier


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