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[CRITIQUE] : American Bluff

 

Réalisateur : David O.Russell
Acteurs : Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Jeremy Renner, Alessandro Nivola, Michael Pena,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : 40 000 000 $
Genre : Comédie Dramatique, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h18min.

Synopsis :

Entre fiction et réalité, American Bluff nous plonge dans l’univers fascinant de l’un des plus extraordinaires scandales qui ait secoué l’Amérique dans les années 70. 
Un escroc particulièrement brillant, Irving Rosenfeld, et sa belle complice, Sydney Prosser, se retrouvent obligés par un agent du FBI, Richie DiMaso, de nager dans les eaux troubles de la mafia et du pouvoir pour piéger un homme politique corrompu, Carmine Polito. Le piège est risqué, d’autant que l’imprévisible épouse d’Irving, Rosalyn, pourrait bien tous les conduire à leur perte…




Critique :

Via les ébouriffants Fighter et Happiness Therapy, force est d'admettre que l'excellent metteur en scène David O. Russell s'est payé un retour en grande pompe dans l'univers du septième art ricain, qu'il avait abandonné après le sympathique J'Adore Huckabees.

Pas un mal pour les cinéphiles que nous sommes vu le talent du bonhomme, surtout que la qualité de ses péloches s'est vu salement améliorée par ces nombreuses années d'absences.

Fort d'un côté bankable non-négligeable pour perdurer dans la jungle Hollywoodienne depuis que ces deux derniers longs en date, ont largement dépassés la barre fatidique des 100 millions de dollars de recette sur ses propres terres, le David avait donc les mains libres pour cornaquer le projet de son choix.


Et celui-ci s'est reporté sur un script laissé à l'abandon depuis des lustres, American Hustle, ou l'histoire inspirée - mais largement romancée surtout - de l'opération Abscam.
Ou pour les plus incultes d'entre-nous, le nom de code donné à une opération du FBI ayant visé, à la fin des seventies, à piéger des trafiquants d'art pour les instrumentalisés et faire tomber toutes sortes de mafieux, politiciens véreux et corruptibles, avec l'aide d'un escroc notoire, Melvin Weinberg.

Soit un putain de sujet de cinéma dont on se demande bien comment les majors Hollywoodiennes n'en ont pas profité plus tôt.

Démarrant tambour battant et distillant tous les enjeux - ou presque - et la définition des personnages principaux en une poignée de minutes à peine, American Bluff s'extrait très vite de sa trame classique ed film policier/gangster pour dévoiler son vrai visage, à savoir une comédie sur les apparences et es faux-semblants, aux personnages foutrement bigger than life et représentant parfait de l'américain moyen désirant plus que tout gouter au fameux rêve vendu par son pays.

Se désintéressant rapidement de son propos original - à savoir les rouages de l'opération Abscam - David O. Russell fait de son histoire un prétexte pour dépeindre une galerie d'anti-héros aussi fascinant que follement bien croqués.
Basé sur une intrigue assez touffue, le cinéaste multiplie les fausses pistes et les intrigues avec une facilité déconcertante, ne laissant aucun de ses persos - et encore moins son arnaque centrale - sur le carreau.


Habilement écrit, passionnant, tortueux et manipulateur à souhait, la péloche fait tout pour charmer son spectateur via un déballage de moyen assez impressionnant, allant de dialogues drolatiques aux débits mitraillettes, des décors 70's joliment reconstitués en passant par une bande originale savamment choisie, sans oublier des costumes et des coiffures impossibles, Russell ne se refuse rien avec la prouesse de ne jamais tomber dans le tourbillon du kitsch gerbant.

Hommage marqué au cinéma de Martin Scorcese (que ce soit visuellement dans sa mise en scène aérienne, ou dans sa capacité à se réapproprier une multitude de genres) tout autant que celui des frères Coen (les escrocs minables engoncés dans des histoires pas possible, ou encore un humour à l'absurdité franchement assumée), American Bluff vaut avant tout et surtout, pour le talent imparable du cinéaste pour donner vie à ses héros, toujours avec tendresse et une certaine lucidité.

Rameutant pour l'occasion le meilleur de ses précédents castings, il offre un écrin d'exception à ses comédiens indécents de charisme, pour offrir quelques-unes de leurs plus remarquables performances.
Physiquement impliqué - comme toujours quoi -, Christian Bale incarne un Mel Weinberg aussi malin et tendre qu'émouvant - rendant peut-être un peu trop sympathique un personnage qui, au fond, ne devrait pas forcément l'être -, personnage principal pourtant en retrait face à l'écrasante prestation d'une Amy Adams sexy en diable dans la peau de l'ambitieusement manipulatrice et fragile maitresse de Mel, Edith/Sidney.

Elle bouffe littéralement l'écran par son jeu d'une densité folle et ses décolletés plongeant à faire bander un mort, sans pour autant totalement masquer les performances déjantés d'une Jennifer Lawrence délicieusement déjantée en real housewives - elle vole le show à chacune de ses apparitions -, d'un Jeremy Renner brillant en politicard à la fois intègre et corrompu (de force, pour le bien de sa communauté) mais sacrément attachant, et également d'un Bradley Cooper savoureusement ridicule en agent du FBI permanenté, tellement aveuglé par son ambition de réussite et ses rêves de grandeurs (il vit encore chez la mama, ça explique tout), qu'il se laissera très vite dépasser par les événements.


Regard aussi intelligent que lucide sur les idéaux et la morale de personnages vivant dans leur propres fantasmes - quitte à se mentir à eux-mêmes -, fin règlement de comptes avec les institutions américaines tout autant que son système politique (supposément corrompu, ou au minimum très facilement influençable), American Hustle est un divertissement purement génial, une démonstration de savoir-faire de la part d'un metteur en scène aussi référencé que fascinant.

Film d'arnaque cohérent, dynamique et manipulateur sur des héros autant haut en couleurs que les dialogues qu'ils s’assènent dans une pluie de séquences belles et mémorables, il est un vrai bonheur pour les yeux pour tout cinéphile un minimum sensible au tour de force qu'il incarne.

Au royaume des truands, ce sont toujours les plus malins qui réussissent le mieux, et vu comment la péloche triomphe aussi bien en salles que dans les cérémonies de remises de prix, inutile de dire que le David est un putain de gangster futé dans son genre...


Jonathan Chevrier


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