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[CRITIQUE] : Magic Magic


Réalisateur : Sebastian Silva
Acteurs : Juno Temple, Michael Cera, Emily Browning,...
Distributeur : Wild Side/Le Pacte
Budget : -
Genre :  Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h37min.

Synopsis :
Pendant ses vacances au Chili, Alicia, une jeune américaine réservée, se retrouve embarquée par sa cousine Sara et sa bande d'amis sur une île isolée.
Personne ne fait vraiment d'effort pour intégrer Alicia. Elle se replie de plus en plus sur elle-même et commence à perdre peu à peu ses facultés mentales sans que le groupe n’y prenne garde…


 Critique :

Déjà remarqué dans le délire acidulé apocalyptique « Kaboom » de Greg Araki, ou plus récemment dans le Killer Joe de Friedkin, Juno « jolie bouille » Temple a définitivement plus d’un tour dans son sac !
A 24 ans, la blondinette british confirme chaque fois un peu plus son statut de nouvelle muse indé.

Dans Magic Magic, elle délivre au travers du personnage d’Alicia, une performance inédite de psychotique solitaire, aux allures de mort vivant insomniaque. Et même si cela pourrait sonner comme un sonnet dépressif, il n’en est rien !


Justement assez loin de la loi du « toujours plus », le film décrit la décente aux enfers d’une jeune fille, prise au piège par des psychose paranoïaques, sur fond de huit clos en plein air, presque marin, et parvient même à échapper aux déballage d’hystérie poussés, et aux chutes mélodramatiques à tendance lacrymale.

Cependant malgré une longue liste d’éloges, on se pose la triste question de l’intérêt.
Un bon film, pour un bon moment … then what ?

Une fin bâclée, des personnages secondaires au manque de profondeur plus que cruel (mention, tout de même, au géniallissime Michael Cera), et une décente aux enfers fatale, sans explication, qui aurait plus tendance à laisser sur sa faim.

Concrètement, une belle balade hallucinatoire, presque onirique, dans les méandres de l’esprit malade, mais qui manque toutefois d’éléments concrets !


Jeanne Bédécarrats



Sortie un peu - bon, beaucoup - en catimini cette semaine, si Magic Magic arrive un minimum à attirer son cinéphile avertit dans sa salle obscure, c'est en grande partie grâce à la présence en son casting de la sublime et juvénile Juno Temple, à la fois rôle-titre et judicieusement placardé en vedette sur l'affiche de la péloche.

Juno - l'actrice, pas le film -, ou le genre de comédienne qui ne laisse pas indifférent, de part son talent bien sur, mais également via son joli penchant à se mettre à nu - et ce , dans tous les sens du terme - dans des rôles extrêmes, aussi bien physiquement que mentalement.

Libérée dans le Kaboom du décomplexé Gregg Araki, magistrale dans le dément Killer Joe de l'immense William Friedkin, la belle se constitue une filmographie aux personnages aussi dingues que les metteurs en scènes avec qui elle tourne.


Nouveau rôle marquant en date donc, celui d'Alicia dans le nouveau long de Sebastian Silva, ou celui d'une jeune américaine qui part en vacances au Chili avec sa cousine et une bande de potes qu'elle ne connait ni d'Adam ni d'Eve.
Déjà très fragile et réservée, elle va avoir beaucoup de mal à parvenir à se lier au groupe, et va progressivement sombrer dans la folie...

Plus à l'aise que jamais dans un rôle pourtant on ne peut plus complexe, qui durant une toute petite heure et demie, ne fera qu'alterner crises de nerfs et crises de larmes, Juno Temple illumine de toute son aura éblouissante ce surprenant Magic Magic, joli thriller/huit-clos dramatique à l'ambiance aussi toxique et hallucinatoire que parano.

Étonnant, imprévisible - mais rarement dans le mauvais sens -, ce qui s'apparentait au départ comme un basique teen movies au grand air, se transformera peu à peu en un éprouvant cauchemar éveillé, que ne renierait pas du tout un certain Roman Polanski.

Par son immense talent de storyteller, Silva - qui est également l'auteur du script -, nous prend tout du long par la main, et à chaque fois que l'on se dit que son histoire va se prendre les pieds dans le tapis et épouser de dangereuses allures prévisibles, il change d'itinéraire et emprunte une direction complétement différente et inattendue pour nous balader, jusqu'à un final à la conclusion aussi inconsistant que choquant.


Étrange, tendu, évitant judicieusement les écueils faciles dans sa description fascinante d'un personnage centrale isolée et schizophrène, traitant intelligemment de sujets plutôt casse-gueule (perte de soi dans un pays étranger, peur du regard des autres, l'isolement au sein d'une communauté), sans ne jamais tomber dans le drama de base sans saveur et saupoudré au pathos de supermarché, Magic Magic est une excellente surprise, porté par un casting indécent de talent (la Juno donc, mais également l'excellent Michael Cera et la douce Emily Browning), et un jeune cinéaste en pleine possession de son sujet et de ses moyens.

Une plongée au bord de la pure folie aussi angoissante que paranoïaque, plus qu'une bombe qui nous explose en plein visage, la bande est la preuve indéniable qu'il n'y a bien que (ou presque) le cinéma indépendant américain aujourd'hui, qui reste autant capable de bousculer aussi bien nos attentes que nos esprits de cinéphiles endurcis.

Voilà un joli cadeau bien unique et barré pour finir l'été avec des fantasmes plein la tête.
Personnellement, je n'en demandais pas tant...


Jonathan Chevrier


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