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[CRITIQUE] : Pacific Rim


Réalisateur : Guillermo Del Toro
Acteurs : Charlie Hunnam, Idris Elba, Rinko Kikuchi, Charlie Day, Ron Perlman, Clifton Collins Jr,...
Distributeur : Warner Bros France
Budget : 180 000 000 $
Genre :  Action, Science-Fiction, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h10min.

Synopsis :
Surgies des flots, des hordes de créatures monstrueuses venues d’ailleurs, les «Kaiju», ont déclenché une guerre qui a fait des millions de victimes et épuisé les ressources naturelles de l’humanité pendant des années. Pour les combattre, une arme d’un genre nouveau a été
mise au point : de gigantesques robots, les «Jaegers», contrôlés simultanément par deux pilotes qui communiquent par télépathie grâce à une passerelle neuronale baptisée le «courant». Mais même les Jaegers semblent impuissants face aux redoutables Kaiju.
Alors que la défaite paraît inéluctable, les forces armées qui protègent l’humanité n’ont d’autre choix que d’avoir recours à deux héros hors normes : un ancien pilote au bout du rouleau (Charlie Hunnam) et une jeune femme en cours d’entraînement (Rinko Kikuchi) qui font équipe pour manoeuvrer un Jaeger d’apparence obsolète. Ensemble, ils incarnent désormais le dernier rempart de l’humanité contre une apocalypse de plus en plus imminente…


Critique :

Après cinq ans de silence forcé, la question que beaucoup de monde se posait, était de savoir si un cinéaste pétrie de génie tel que Guillermo Del Toro, à la filmographie parfaite (oui, fuck à ses détracteurs, elle l'est) pourrait faire son retour attendu dans les salles en plein été des blockbusters, avec un nouveau chef d’œuvre original dans sa besace, et pourvu d'un budget valant quasiment à lui seul l'intégralité des films qu'il aura tourné durant sa prolifique carrière.

Une question assez illégitime pour tout fan du metteur en scène (soit une grande quantité des cinéphiles du monde entier), tant l'idée d'imaginer le sympathique mexicain réaliser une bouse friqué entre des monstres et des robots géants se foutant sur la gueule sans la moindre saveur, parait purement et simplement inconcevable, vu que le bonhomme a toujours été capable de beaucoup avec souvent très, très peu.

Alors savoir qu'il a eu pour ce Pacific Rim, une enveloppe à la hauteur de son imagination, c'est se rapprocher purement et simplement de l'indécence car oui, le nouveau Del Toro est indécent, et foutrement plutôt deux fois qu'une même.


Indécent parce qu'en l'espace de deux petites heures il met à l'amende tout une décennie de blockbusters made in USA prétendument grandiose et spectaculaire, parce qu'il renouvelle la Science-Fiction - à l'instar de Matrix, Avatar et Inception - comme rarement ce fut le cas auparavant mais surtout, parce qu'au-delà d'un pitch ultra simpliste, Pacific Rim est une péloche qui en a autant dans le pantalon que dans la tête et dans le cœur, un film beau comme un camion, aussi bandant qu'une bombe playmate et plus touchant qu'un doux poème.

Démarrant à 300 à l'heure pour ne jamais plus s'arrêter - ou presque -, via une introduction étonnement fluide qui plaque sur pellicule les bases de son univers et qui rappelle celle, tout aussi habile, du solide actionner post-apo Le Règne du Feu (un rapide montage évoque l'arrivée des Kaijus, le contexte géo-politique mondial, la création du concept des Jaegers ainsi que la tragique histoire du personnage principal, via une multitudes de vignettes, des images de journaux télévisés et une voix-off immersive), Pacific Rim développe de tout son long une intrigue certes simpliste mais affreusement riche (le fonctionnement de la robotique et de la génétique des Kaijus est bien expliquée, tout autant que l'état du monde en 2020, avec des humains tentant de survivre comme ils le peuvent) et crédible, citant autant la culture japonaise (les séries d'animation, Evangelion en tête, mais également les Keiju Eiga, dont Godzilla est le plus célèbre représentant) que la propre culture Del Toro (les penchants Lovecrafitens du mexicain, un bestiaire absolument fabuleux, la thématique du travail en équipe et de l'ouverture à l'autre, les personnages principaux aux passés traumatisants) tout en se forgeant sa propre identité, nourrit par un ton grave contrebalancée par une légère touche d'humour potache et salvatrice.


Sombre - le métrage est porté par le sentiment d'un trauma écrasant qu'il faut absolument guérir -, réaliste (les Kaijus ne sont qu'une menace personnifié du monde d'aujourd'hui, une menace naturelle, car catégorisé comme des ouragans - eux aussi ne frappant que les régions côtières - mais également une menace tenace et commune à tous, la guerre, citant largement les traumas post-seconde guerre mondiale et guerre du Vietnam qui ont chamboulés les cultures US et Niponne), sobre, un chouïa cartoonesque et loin d'être prétentieux (ici, pas de philosophie profonde sur l'humanité ou d'autres réflexions bancales du genre), la bande jongle entre le film catastrophe et le film de guerre, tout en se payant le luxe d'être un divertissement spectaculaire et cohérent à l'impact monumentale.

Car si son développement pourrait être titillé par certains - un dramatique cliché, un manque de surprise narratif et un traitement des personnages un peu faible -, son casting (Charlie Hunnam est parfait, Charlie Day fait du Charlie Day et Ron Perlman est excellent, même si ils se font tous voler la vedette par un Idris Elba mémorable, qui bouffe la caméra de par son charisme, et une délicieuse Rinko Kikuchi) et sa mise en scène eux, sont inattaquable.

D'une puissance visuelle dingue et imposante, autant dans ses couleurs que dans sa fluidité, le Guillermo met en scène durant les deux tiers de son film son petit rêve de gosse, soit des bastons Bigger than Life inouies constamment lisible - alors que tous les plans de fight sont de nuits, et avec l'eau omniprésente - entre les Jaegers et les Kaijus, atteignant toujours des sommets (quel putain de plan avec le suivi de la trajectoire du poing d'un des méchas traversant un immeuble !).


Ne perdant pas une seule seconde son objectif premier de faire plaisir à son spectateur tout autant qu'il se fait plaisir à lui-même, Del Toro va droit au but et enchaine les scènes iconiques et les moments de bravoures autant qu'il le peut tout en évitant soigneusement d'être redondant, une pluie de créativité sans limite ou chaque coup donné fait mal, ou chaque décor peut servir d'arme contre son ennemi et ou chaque villes incarnent des rings définitivement beaucoup trop petits et fragiles pour les multiples colosses, preuve en est l'incroyable destruction de Hong Kong, bataille destructrice et jouissive qui restera indiscutablement dans les mémoires.

Décomplexé, drôle, épique, au score solide - signé par Ramin " Game of Thrones " Djawadi, sublime à en tomber par terre, loin d'être dénué de tout défaut mais suffisamment généreux et sincère, Pacific Rim est le blockbuster ultime, un délice coupable malin, sérieux et titanesque franchement réussie, une claque monumentale doublé de la meilleure conversion 3D depuis Titanic (qui était déjà la meilleure conversion à ce jour, tout court).

Battant avec exception sur leur propre terrain du grandiloquent et de l'étourdissant les Michael Bay et autres Roland Emmerich avec une œuvre entièrement originale, tout en rendant un vibrant hommage à ses ainés Ray Harryhausen et Hishiro Honda (à qui le métrage est dédié), Guillermo Del Toro met la barre tellement haut avec son spectacle qu'il est bien difficile d'imaginer qui pourrait bien venir le concurrencer dans les prochains mois, et même années.


L'attente était à son comble, et encore une fois le sympathique cinéaste mexicain ne nous as pas déçu.
Il accouche d'un délire incroyable, un film (de) géants, un film de monstres mené tambour battant sous la caméra d'un metteur en scène émerveillé et amoureux du cinéma.

Et le plus fou dans tout ça, c'est que l'on a même pas encore eu droit à son fameux director's cut, avec une heure d'images supplémentaires...
C'est officiel - mais ça déjà le cas depuis belle lurette -, je (on) t'aime Guillermo !


Jonathan Chevrier


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